Entre Lot et Dordogne
Carennac
(étape n°2)
Vendredi 22 octobre 2021
Nous remontons la vallée de la Dordogne pour nous arrêter à Carennac. 
 
La route est difficile, étroite et le pompon est le passage de Floirac où le camping-car passe juste. Nous connaissions le village pour y avoir rendu visite à un ancien collègue. La dernière fois, nous avions déjà eu des difficultés à franchir la Dordogne. Il fallait choisir le bon pont ! Seulement cette fois-ci, pas de pont à franchir mais un village à traverser…. Je ne suis pas mécontente d’en voir la sortie ! 
Avec ses vallées étroites et sinueuses, ses forêts touffues et ses châteaux haut perchés, dans le Quercy, on peut rouler longtemps sans croiser une autre voiture et c’est tant mieux. 
 
A Carennac, un parking est réservé aux voitures, payant et un peu plus loin un autre pour les camping-cars. Difficile de comprendre la tarification ! Je téléphone donc à l’OT pour obtenir des informations supplémentaires. 
A priori 3€/24h pour les voitures, tarif double pour nos véhicules.
Nous installons donc pour 24 heures et disposons pour ce tarif d'un branchement électrique, de l’eau et des vidanges.
Le village est tout proche et nous en profitons pour déjeuner dans l’unique restaurant ouvert en cette saison avant de nous rendre à l’OT retirer un plan de visite (0,80ct), et un jeton (3€/personne) pour visiter le cloître.  
L’accueil y est très sympathique et j’en profite pour acheter quelques souvenirs à un tarif très abordable.
Carennac, posé au bord de la Dordogne, est un village plein d’harmonie et classé PBVF. Il est connu à la TV par le feuilleton Rivière d’Espérance.  
Eaux vertes et bleues, maisons en pierre calcaire, à pans de bois et à bolets, pigeonniers s’élançant au-dessus des toits, tout est là pour nous plaire !
Avec le circuit acheté à l’OT, nous faisons le tour du village. Les explications rendent la promenade plus intéressante. Nous la débutons dans la cour du prieuré où se situe l’OT remettant la visite de l’église et du cloître en fin de journée. Il fait trop beau pour s’enfermer !
L’OT est situé dans l’ancien logis des doyens, responsables ecclésiastiques du prieuré. Le premier étage est percé de grandes fenêtres comme les palais urbains.
Maison à tourelle qui faisait office de porterie et d’hostellerie pour l’accueil des voyageurs ou des pèlerins en route vers Rocamadour.
Il faut sortir de la cour par la porte du monastère pour voir le château des doyens construit au XVIème siècle par Alain de Ferrières et tourné vers le canal de l’Hermitage.
Porte du monastère en arc brisé percée dans la clôture du monastère. Elle est surmontée d’une bretèche.
Nous passons devant la façade du logis de style Renaissance avec ses tourelles d’angle et ses fenêtres à doubles traverses et meneaux. L’édifice abrite de nos jours l’Espace Patrimoine du Pays d’Art et d’Histoire Causses et Vallée de la Dordogne, fermé ce jour-là.
Devant la façade, le buste de Fénelon m’intrigue … et je découvre ainsi qu’il a été une quinzaine d’années prieur à Carennac où d’ailleurs il aurait écrit selon la légende les Aventures de Télémaque destinées en particulier à son élève, le Duc de Bourgogne.
Nous longeons un bras de la Dordogne, appelé canal de l’Hermitage qui alimentait deux moulins en aval mais le chemin devient vite boueux et nous retournons au village.
Demeure du XVIème siècle remarquable pour sa fenêtre d’angle et sa grosse tour carrée d’escalier.
Nous arrivons à la chapelle Notre-Dame fondée au XIVème siècle mais dont la façade a été refaite au XVIIIème. Elle a servi ponctuellement d’église paroissiale et abrite maintenant des expositions.
Sur le fronton, la devise révolutionnaire : Liberté, Égalité, Fraternité
De là, on aperçoit le clocher de l’église paroissiale.
Demeure bourgeoise avec encore une fois une fenêtre d’angle.
De nombreuses belles portes dont une de style Renaissance surmontée d’un blason sculpté.
Porte surmontée d’une coquille St Jacques. Les deux pilastres plats de la porte sont coiffés de chapiteaux inspirés du corinthien.
Et qui dit porte, dit heurtoirs !
Maison à pans de bois de la fin du XVème siècle avec au rez-de-chaussée une arcade marchande et un étage à encorbellement à colombages
Une maison du XVème siècle à laquelle on accède par un bolet, escalier en pierre menant à un balcon en bois protégé par un auvent.
Nous empruntons la voie dite «romaine» qui nous mène sur les hauts du village d’où nous avons une belle vue sur les toits.
Maison construite sur une parcelle étroite qui possède une galerie en bois en surplomb de la rue permettant ainsi un gain de place.
Tour d’escalier surmontée d’un épi de faîtage, seul vestige d’une demeure démolie en 1821.
Des têtes d’angelots supportent les montants des fenêtres.
C’est d’ici qu’on accède au plan d’eau de Carennac alimenté par la Dordogne. Aux XVIIIème et XIXème siècles, c’est la Dordogne qui coulait au pied de Carennac.
Nous traversons le pont sur le Médéric construit à la fin du XIXème siècle pour regagner le village.
Balcon où les doyens faisaient les annonces publiques
Nous regagnons la cour du prieuré pour visiter à présent l’église et le cloître.
Rappelez-vous que pour accéder à ce dernier, il faut chercher un jeton (payant) à l’OT. 
 
Ce qui caractérise le cloître, c‘est qu’il est composé de styles architecturaux différents. Du cloître roman détruit vraisemblablement pendant la guerre de 100 ans, il ne subsiste que la galerie attenant à l’église, des arcades soutenues par des doubles colonnes ornées de têtes grossièrement sculptées
 
Les trois autres galeries ainsi que l’étage ont été reconstruits à la fin du XVème siècle dans un style gothique flamboyant.
Après la Révolution, il a été à nouveau profondément mutilé. A la suite d'un partage entre plusieurs propriétaires, les galeries ont été transformées en écurie, porcherie et grange, les remplages flamboyants démolis ou bouchés par du torchis, les piliers arrachés, les sculptures, clefs de voûte, culots d’ogives abîmés.
La salle capitulaire qui a servi de citerne pendant près de deux siècles abrite une magnifique Mise au Tombeau de 8 personnages en pierre de Carennac, polychrome à l’origine (fin du XVème siècle) mais dont les couleurs ont presque totalement disparues. L'expression des personnages en fait un chef-d'œuvre d'art gothique.
Cet ensemble est complété par une série de statues de saints et saintes de facture plus naïve mais issues du même atelier.
Plus tardif, un bas-relief du XVIème siècle représente des scènes de l’enfance et de la Passion du Christ.
Un escalier dans une tour mène à l’étage mais les salles sont fermées. Petit coup d’œil sur le jardin du cloître avant de redescendre pour visiter l’église.
Bâtie à la fin du XIème siècle, l'église Saint Pierre faisait partie de l’abbaye bénédictine.
Un siècle plus tard, on lui rajoute un porche qui présente un tympan sculpté du Christ en majesté entouré par les symboles des 4 évangélistes (l’ange de Matthieu, l’aigle de Jean, le taureau de Luc, le lion de Marc) et par les apôtres répartis sur 2 registres. Le style est fortement inspiré par les tympans de Moissac et de Cahors
Des animaux s’échappent du tympan.
Colonnette du portail du XIème siècle, avant la construction du porche
Entrons ! 
 
Le plan initial de l’église romane a été modifié par le rajout de chapelles au XVIème siècle.
La nef, en plein cintre, est couverte d’une voûte en berceau supportée par quatre gros piliers cylindriques flanqués de colonnettes qui reçoivent les retombées des arcs doubleaux s'ouvrant sur les bas-côtés.
Porte d’accès au cloître
peintures des chapelles accolées à la nef au XVIème siècle
Dans le chœur, un autel moderne décoré de grappes de raisins et de tiges de blé, et un vitrail représentant le Sacré-Coeur.
Nous revenons au camping-car avec le soleil. Que cela fait du bien ! Carenac est vraiment un petit village croquignolet.