Normandie 2016, Pierrefonds
  Jeudi 07 juillet 
 
Nous voulions redécouvrir la Normandie différemment cette année, sortir des sentiers battus. 
En camping-car, nous avions déjà visité le Cotentin et les plages du débarquement, en voiture le littoral et une partie de l’arrière-pays. 
 
Nous empruntons la N4, celle que nous appelons, nous les Provinciaux, la route de Paris. 
Beaucoup de circulation et un temps chaud. 
Notre première étape s'arrête dans une ferme FP, à Jautzy. Nous nous installons au fond de la propriété. Derrière nous coule l'Aisne.
  Vendredi 08 juillet 
 
Malgré le « secouage » des oreilles de Douchka qui nous a tenus éveillés un bon moment dans la nuit, celle-ci a été reposante et fraîche. 
Après l'achat de quelques légumes, nous reprenons la route avec un petit détour non prévu par Pierrefonds. Cela faisait un petit moment que j'avais repéré ce château sur le net et voilà qu'il s’offre à nous de manière impromptue ! 
 
Qu'il est beau avec ses 8 tours, ce château médiéval restauré par Viollet-le-Duc ! 
 
Nous trouvons facilement à nous garer et il ne reste plus qu'à grimper jusqu'à l'entrée de la forteresse. 
Construite en XVème siècle par Louis d'Orléans, en conflit avec le duc de Bourgogne, démantelée en XVIIème siècle sur ordre de Louis XIII puis rachetée en 1813 par Napoléon 1er qui la laisse en l'état, c'est finalement Napoléon III qui va la faire réhabiliter par Viollet-le-Duc en 1857.
Le projet final ne se réalisera pas et le château sera transformé en musée en 1867.  
A la mort de Viollet-le-Duc, son gendre, Maurice Ouradou prend la relève jusqu'en 1884, sans toutefois l'achever. 
L'édifice forme un quadrilatère irrégulier de 103 m de long, 88 m de large, flanqué de 8 grosses tours de défense hautes de 38 m, aux murs atteignant une épaisseur de 5 à 6 m, reliées par deux chemins de ronde, l'un sur mâchicoulis, l'autre uniquement crénelé. 
Sur chaque tour, la statue d'un preux.
La cour d'honneur est précédée d’un double pont-levis et d’un châtelet. 
Elle est magnifique et présente une multitude de styles. Sur le toit du logis, des chats en pierre perchés accueillent le visiteur. Des gouttières crocodiles révèlent le côté fantasque de Viollet-le-Duc.
statue équestre en bronze de Louis d'Orléans, encadrée par des chimères assises, oeuvre de Frémiet – 1868
Pierrefonds a été violemment critiqué car ce n'est pas une restitution fidèle mais le fruit de l'imagination de l'architecte dont la devise est : 
“Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut ne jamais avoir été.”
Nous commençons la visite par la chapelle qui s'ouvre par un portail au sommet duquel Viollet-le-Duc s'est représenté sous les traits de Saint Jacques, entouré de Louis d'Orléans et de son épouse.
La chapelle offre une grande hauteur et une tribune en fait presque le tour et chose curieuse passe au-dessus du chœur.
Rien à voir dans la chapelle mis à part une copie de la statue de St Michel terrassant le dragon, l'original se trouve sur le toit.
Nous poursuivons par le donjon et la première salle, le vaste salon de réception est magnifique avec ses boiseries de Hongrie sculptées. On y trouve la “patte” de l'architecte à travers les animaux fantastiques sculptés et le banc à dossier réversible qu'il a dessiné.
Le style des frises inspirées de motifs végétaux annonce avec presque 30 ans d'avance le style Art déco.
Sur la cheminée : blason du Duc d'Orléans.
Nous passons à présent dans le cabinet de travail où dans un coin, les toilettes avec chasse d'eau montrent la modernité des bâtiments à cette époque.
Sur le manteau de la cheminée, les symboles de l'empire : l’abeille pour Napoléon I, l’aigle pour Napoléon III.
La chambre du seigneur se situe dans la tour Jules César mais n'a jamais été utilisée puisque le château n'a pas servi de résidence impériale.
J’aime beaucoup le plafond peint.
Nous arrivons dans la pièce la plus remarquable, la salle des preux, située à l'endroit où le seigneur rendait justice.
Elle mesure la bagatelle de 52 X 9 mètres !
Elle est magnifique. On la découvre en franchissant une porte surmontée de l'aigle impérial et ornée de statues : Charlemagne et ses quatre compagnons : l'évêque Turpin, Roland, Oliver, Guillaume d'Orange. Viollet-le-Duc s'est inspiré pour la réaliser de celle du château de Courcy, dans l'Aisne. La voûte est en réalité une charpente métallique habillée de bois. Etonnant non ?
Au fond de la pièce, 9 preuses ornent le manteau de la cheminée. Le personnage central, Sémiramis, reine de Babylone, présente les traits de l'impératrice Eugénie, les autres sont ses dames de compagnie. La dernière à droite, d'origine non noble, ne porte pas de couronne. C'est dans cette salle que Napoléon III exposait ses armures. Sa collection a été transférée aux Invalides après la chute de l'Empire.
En passant dans la tour Alexandre pour gagner le chemin de ronde couvert, je ne peux m'empêcher d'admirer le bel escalier, et naturellement de le photographier. J’ai toujours eu un faible pour les escaliers hélicoïdaux !
Du chemin de ronde, la vue s'étend sur le village en contre-bas, notamment sur le château de Jonval, les anciens thermes, la maison Sabatier.
Exposition temporaire intitulée “lanternes magiques”, dans les locaux consacrés aux œuvres Monduit. Pour les besoins de l’exposition, l’endroit est assombri … et la plomberie d'art que sont les épis de faîtage, le statuaire … se distingue mal.
Dans la salle des gardes sont regroupés des fragments lapidaires de statues originales du XVème siècle. Une maquette conclut la visite.
Il ne nous reste plus qu'à parcourir la galerie qui longe le grand logis aux arcades en anse de panier. Les clefs de voûte sont ornées alternativement des chimères ou font référence à différents corps de métier. Les derniers chapiteaux représentent des scènes du Roman de Renart.
Notre étape d'aujourd’hui s'arrête quelques kilomètres plus loin à Morienval sur une aire privée. Il a fait chaud toute la journée et un stationnement sur herbe est le bienvenu.