Normandie 2016, récit du voyage
 
                                                                                                       
Jeudi 07 juillet haut de page
 
Nous voulions redécouvrir la Normandie différemment cette année, sortir des sentiers battus. 
En camping-car, nous avions déjà visité le Cotentin et les plages du débarquement, en voiture le littoral et une partie de l’arrière-pays. 
 
Nous empruntons la N4, celle que nous appelons, nous les Provinciaux, la route de Paris. 
Beaucoup de circulation et un temps chaud. 
Notre première étape s'arrête dans une ferme FP, à Jautzy. Nous nous installons au fond de la propriété. Derrière nous coule l'Aisne. 
 
 
                                                                                                    Vendredi 08 juillet haut de page
 
Malgré le « secouage » des oreilles de Douchka qui nous a tenus éveillés un bon moment dans la nuit, celle-ci a été reposante et fraîche. 
Après l'achat de quelques légumes, nous reprenons la route avec un petit détour non prévu par Pierrefonds. Cela faisait un petit moment que j'avais repéré ce château sur le net et voilà qu'il s’offre à nous de manière impromptue ! 
 
Qu'il est beau avec ses 8 tours, ce château médiéval restauré par Viollet-le-Duc ! 
 
Nous trouvons facilement à nous garer et il ne reste plus qu'à grimper jusqu'à l'entrée de la forteresse. 
Construite en XVème siècle par Louis d'Orléans, en conflit avec le duc de Bourgogne, démantelée en XVIIème siècle sur ordre de Louis XIII puis rachetée en 1813 par Napoléon 1er qui la laisse en l'état, c'est finalement Napoléon III qui va la faire réhabiliter par Viollet-le-Duc en 1857. 
 
Le projet final ne se réalisera pas et le château sera transformé en musée en 1867.  
A la mort de Viollet-le-Duc, son gendre, Maurice Ouradou, prend la relève jusqu'en 1884, sans toutefois l'achever. 
 
L'édifice forme un quadrilatère irrégulier de 103 m de long, 88 m de large, flanqué de 8 grosses tours de défense hautes de 38 m, aux murs atteignant une épaisseur de 5 à 6 m, reliées par deux chemins de ronde, l'un sur mâchicoulis, l'autre uniquement crénelé. 
Sur chaque tour, la statue d'un preux. 
 
La cour d'honneur est précédée d’un double pont-levis et d’un châtelet. 
Elle est magnifique et présente une multitude de styles. Sur le toit du logis, des chats en pierre perchés accueillent le visiteur. Des gouttières crocodiles révèlent le côté fantasque de Viollet-le-Duc. A remarquer la statue équestre en bronze de Louis d'Orléans, encadrée par des chimères assises, oeuvre de Frémiet (1868). 
 
Pierrefonds a été violemment critiqué car ce n'est pas une restitution fidèle mais le fruit de l'imagination de l'architecte dont la devise est : 
“Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut ne jamais avoir été.” 
 
Nous commençons la visite par la chapelle qui s'ouvre par un portail au sommet duquel Viollet-le-Duc s'est représenté sous les traits de Saint Jacques, entouré de Louis d'Orléans et de son épouse. 
Elle offre une grande hauteur et une tribune en fait presque le tour et chose curieuse passe au-dessus du chœur. 
Rien à voir dans la chapelle mis à part une copie de la statue de St Michel terrassant le dragon, l'original se trouve sur le toit. 
 
Nous poursuivons par le donjon et la première salle. Le vaste salon de réception est magnifique avec ses boiseries de Hongrie sculptées. On y trouve la “patte” de l'architecte à travers les animaux fantastiques sculptés et le banc à dossier réversible qu'il a dessiné. Le style des frises inspirées de motifs végétaux annonce avec presque 30 ans d'avance le style Art déco. Sur la cheminée, le blason du Duc d'Orléans. 
 
Nous passons à présent dans le cabinet de travail où dans un coin, les toilettes avec chasse d'eau montrent la modernité des bâtiments à cette époque. Sur le manteau de la cheminée, les symboles de l'empire : l’abeille pour Napoléon I, l’aigle pour Napoléon III. 
 
La chambre du seigneur se situe dans la tour Jules César mais n'a jamais été utilisée puisque le château n'a pas servi de résidence impériale. J’aime beaucoup le plafond peint. 
 
Nous arrivons dans la pièce la plus remarquable, la salle des preux, située à l'endroit où le seigneur rendait justice. Elle mesure la bagatelle de 52 X 9 mètres ! Elle est magnifique. On la découvre en franchissant une porte surmontée de l'aigle impérial et ornée de statues : Charlemagne et ses quatre compagnons : l'évêque Turpin, Roland, Oliver, Guillaume d'Orange. Viollet-le-Duc s'est inspiré pour la réaliser de celle du château de Courcy, dans l'Aisne. La voûte est en réalité une charpente métallique habillée de bois. 
Au fond de la pièce, 9 preuses ornent le manteau de la cheminée. Le personnage central, Sémiramis, reine de Babylone, présente les traits de l'impératrice Eugénie, les autres sont ses dames de compagnie. La dernière à droite, d'origine non noble, ne porte pas de couronne. C'est dans cette salle que Napoléon III exposait ses armures. Sa collection a été transférée aux Invalides après la chute de l'Empire. 
 
En passant dans la tour Alexandre pour gagner le chemin de ronde couvert, je ne peux m'empêcher d'admirer le bel escalier, et naturellement de le photographier. J’ai toujours eu un faible pour les escaliers hélicoïdaux ! 
 
Du chemin de ronde, la vue s'étend sur le village en contre-bas, notamment sur le château de Jonval, les anciens thermes, la maison Sabatier. 
 
La visite se termine par les caves du XIVème siècle qui abritent les calorifères. De nos jours cet endroit sert de lieu d’exposition de gisants et d’orants mis en scène par la Cie Skertzo. Il s’agit, pour la plupart, de copies de sculptures en plâtre de personnages célèbres, commandées par Louis-Philippe pour le musée national du château de Versailles. 
 
Avant de quitter l'édifice, nous visitons encore une exposition temporaire intitulée “lanternes magiques”, dans les locaux consacrés aux œuvres Monduit. Pour les besoins de l’exposition, l’endroit est assombri … et la plomberie d'art que sont les épis de faîtage, le statuaire … se distingue mal. 
 
Dans la salle des gardes sont regroupés des fragments lapidaires de statues originales du XVème siècle. Nous passons rapidement car je n'ai jamais aimé les cailloux et les nonos hors contexte ! Une maquette conclut la visite.  
 
Il ne nous reste plus qu'à parcourir la galerie qui longe le grand logis aux arcades en anse de panier. Les clefs de voûte sont ornées alternativement de chimères ou font référence à différents corps de métier. Les derniers chapiteaux représentent des scènes du Roman de Renart. 
 
Nous quittons l'édifice plus de 2 heures après en ayant engrangé de nombreuses photos. 
Après une petite balade dans le jardin, nous retournons au camping-car où Douchka qui a eu bien chaud, nous accueille avec plaisir. Avant de quitter Pierrefonds, nous passons chez un vétérinaire. Heureuse coïncidence, il connaît l'associé de notre vétérinaire et nous vend de la pommade sans consultation. Nous venons de faire des économies ! 
 
Notre étape d'aujourd’hui s'arrête quelques kilomètres plus loin à Morienval sur une aire privée. Il a fait chaud toute la journée et un stationnement sur herbe est le bienvenu. 
 
 
                                                                                                         Samedi 09 juillet haut de page
 
La pommade auriculaire a fait son effet et la nuit a été calme. Aujourd'hui, nous prenons la route pour Chantilly où nous voulons visiter essentiellement les grandes écuries du château. 
Difficile de quitter notre lieu de bivouac avant 9h30/10h. Ce sont les vacances et nous aimons bien flemmarder ! 
Cigalon traverse d'abord une région de cultures, le Valois, avant d'aborder une région boisée. 
 
Un grand parking accueille les voitures, un autre plus loin les cars. Pour les camping-cars, pas d'indications ! Nous optons pour le parking voitures, pas très accessible pour un gros véhicule mais dans le fond les places sont généreuses et surtout il y a un peu d’ombre pour Douchka qui va rester dans le camping-car. 
 
Nous déjeunons d'abord pour avoir toute l'après-midi devant nous. 
 
Le château tel qu'il nous apparaît aujourd'hui est le fruit des transformations opérées par Anne de Montmorency, connétable de François Ier. Il a transformé le bâtiment existant au sommet d'un piton rocheux en véritable château Renaissance. Il fait ériger par Jean Bullant tout d'abord un petit château vers 1560 dans un style gothique tardif. La dynastie des Condés agrandit le domaine, fait aménager les jardins par Le Nôtre puis construire les grandes écuries. Héritier du dernier Condé, le Duc d'Aumal, Henri d'Orléans (fils de Louis Philippe) réaménage le château et l'agrandit pour y installer ses collections de tableaux, livres, mobilier. À sa mort en 1897, sans héritier, il lègue le domaine à l'Institut de France. 
 
Les grandes écuries ne pouvant pas se visiter toutes seules, nous prenons un billet complet : écuries, parc, château. 
Nous débutons par les grandes écuries. Édifiées au XVIIIème siècle par Louis-Henri d’Orléans, 7ème prince de Condé, c'est un véritable palais pour les chevaux. La famille d'Orléans crée l'hippodrome en 1834. 
 
Actuellement les grandes écuries abritent encore 32 chevaux, 10 poneys, 3 ânes. 1000 fers sont posés par an, 40 kg de fumier par cheval par jour sont ôtés, 4kg de foin, 6 litres de granulés, 50 litres d'eau sont nécessaires quotidiennement par cheval. 
 
Les grandes écuries abritent aussi le musée du cheval inauguré en 2013 et que nous visitons d'autant plus volontiers que les 15 salles qui le composent sont disposées tout autour de la cour des remises, abritant à l'origine calèches et carrosses, et nous permettent d'être à l’ombre ! 
L'exposition se termine avec des chevaux de carrousel en bois peint. Destinés aux enfants, ils ont existé sous diverses formes depuis l’époque byzantine ( environ 500 av JC). 
 
À 14h30, nous assistons à une démonstration de dressage sans grand intérêt dans la cour des chenils. C'est ici que logeaient les meutes de chiens. 
 
Après la démonstration, il est temps de découvrir le château. La visite débute par les grands appartements privés de Condé au XVIIIème siècle qui servaient à la fois de lieu d’habitation et de réception. Les petits appartements, habités par le Duc d’Aumale, se visitent uniquement avec un guide. 
 
L'antichambre du XIXème siècle évoque le décor de Chantilly au XVIIIème siècle comme le meuble minéralogique de Haupt fabriqué dans différents bois et offert en 1774 par Gustave III, roi de Suède, au prince de Condé pour le cabinet d’histoire naturelle de Chantilly.  
 
La salle des gardes datant de la même période a été construite pour relier le grand château à l’ancien petit château. Elle est consacrée aux souvenirs militaires des différents propriétaires. 
Au dessus de la cheminée, une mosaïque antique représentant L’Enlèvement d’Europe métamorphosé en taureau, provient de la région de Pompéi. 
 
Dans la chambre de Monsieur le Prince, les boiseries blanc et or ont été réalisées vers 1720 pour Louis-Henri, duc de Bourbon, prince de Condé (1692- 1740), ministre de Louis XV et à l’origine des Grandes écuries. 
Le mobilier ayant disparu à la Révolution, le Duc d’Aumale la fit décorer après 1876 avec du mobilier du XVIIIème siècle. (Pendule d’époque Louis XIV, Bureau plat, début du XVIIIème, Grande commode en marqueterie) 
 
C’est dans le grand cabinet qu’au XVIIIème siècle, le duc de Bourbon recevait les audiences. De son bureau, il pouvait voir les Grandes Écuries. 
 
La grande singerie résulte du goût pour les décors asiatiques qui se développe aux XVII/XVIIIème siècles sous Louis XIV et Louis V. Le décor permettait de railler ses contemporains représentés sous les traits de singes. Le décor représente les 4 parties du monde et les 5 sens. 
 
Le grand Condé a commandé à Sauveur le Conte, une série de 11 toiles représentant ses principales actions militaires. Ces toiles sont installées dans la galerie des batailles. Il mourut en 1686 sans les avoir vu toutes en place. (Combats à Fribourg - 1644) 
 
Le salon de musique porte ce nom à cause de la grande harpe anglaise du XIXème qui aurait appartenu à la duchesse d’Aumale, épouse du duc mais c’était au XVIIIème siècle un cabinet de physique contenant de nombreux instruments scientifiques. 
 
Le cabinet des livres a été aménagé en 1876/77 pour accueillir les 130 000 volumes du duc d’Aumale dont 15 000 manuscrits. 
 
La chapelle dédiée à St-Louis a été construite à l’instigation du duc d’Aumale également. Une première chapelle avait été élevée par Guillaume de Montmorency en 1507, puis une seconde, rasée en 1798. 
 
Au fond de la chapelle se trouve un monument en mémoire du prince Henri II de Condé, commandé en 1648 par le grand-Condé au sculpteur Jacques Sarazin pour l’église St-Paul-St-Louis de Paris pour abriter le coeur de son père. 
Dans la colonne portant l’urne sont conservés les coeurs des princes de la maison de Condé. Le dernier coeur est celui du fils aîné du Duc d’Aumale, Louis d’Orléans, prince de Condé, mort à 21 ans en 1866 à Sidney. 
A gauche de la colonne, La Prudence en Minerve tenant une lance où s’enroule un serpent, recevant le coeur d’un enfant symbolisant l’amour divin. A droite, la religion, tenant un coeur, avec un enfant en pleurs et une cigogne.  
 
Nous passons rapidement dans la Galerie de Peinture conçue par le duc d’Aumale pour émerveiller ses hôtes par la richesse des 85 œuvres exposées et l’accrochage typique de son époque.  
Conformément à son testament, la présentation des œuvres n’a pas été modifiée. 
A l’extrémité de la galerie, se trouve une Rotonde qui présente les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, avec notamment la Madone de Lorette de Raphaël et la Simonetta Vespucci de Piero di Cosimo. 
 
Ce n'est pas notre période picturale préférée mais surtout nous sommes cuits par notre promenade aux écuries et le petit tour en ville pour acheter du pain. À noter que dans aucun commerce on ne parle de crème chantilly ! J’en aurais bien mangé une petite coupe ! 
 
Nous écourtons d'ailleurs notre balade dans les jardins très peu fleuris. Il fait trop chaud aujourd'hui en plus ! 
 
Nous retournons au camping-car où Douchka une fois de plus nous attend sagement. 
 
Nous reprenons la route pour Beauvais où nous savons que nous trouverons l'une des rares aires de service de l'Oise. Peu de France-Passion également. Notre guide en répertorie 3 ! 
 
L'aire de Beauvais semble appréciée. En partie à l'ombre et sur herbe, elle est parfaite pour une fin de journée encore très chaude ! 
 
 
                                                                                                       Dimanche 10 juillet haut de page
 
Nous observons deux camping-cars allemands qui vidangent sur l'herbe et dans l'allée alors qu'ils sont stationnés en face des services ! J'ai bien envie de leur dire qu'ils sont des “schweine”, sachant très bien qu'ils n'agiraient pas ainsi chez eux. Mais bon, je suis pour la paix entre les nations ! 
 
Première étape aujourd'hui : Gerberoy, classé plus beau village de France. Nous tentons une première traversée du village pour gagner le second parking... comme si le premier ne convenait pas ! Le passage de l'unique rue du village se passe bien car il y encore peu de monde ce matin mais pour revenir au premier parking, c'est galère car il faut faire un grand tour. 
Nous nous installons finalement sur un grand parking herbeux où l'on pourrait passer la nuit. Pour nous 2/3h suffiront ! 
 
Le village n'est pas très grand, deux rues seulement mais bordées de roses et de fleurs. Gerberoy est nommé le village des roses et même si c'est bien fleuri, je ne trouve pas qu'il y en ait tant que cela. On sent bien que le mauvais temps est passé par ici aussi mais la balade se révèle néanmoins agréable et mon appareil photo ne cesse de déclencher ! 
 
Les rues sont pavées et bordées de maisons datant du XVIIème et XVIIIème siècles et construites de bois et torchis ou briques et silex. 
 
La collégiale St-Pierre, construite une première fois en 1015, puis reconstruite suite à un incendie, est flanquée d’un clocher s’élevant à 32 mètres et qui à l’origine jouxtait le donjon. 
 
Le village est vraiment croquignolet et invite à la flânerie. 
 
La halle-mairie date du XVIIIème siècle et a été rénovée en 1999. 
Nous déjeunons dans une courette à l'ombre d'un parasol... Qu'est-ce qu’on est bien ! Mais il faut songer à poursuivre notre voyage.  
 
Nous traversons des plaines où le blé mûr forme des tâches jaunes piquetées des pétales rouges des coquelicots. 
 
À Vernon, nous nous arrêtons au vieux moulin. Nous sommes déjà venus ici avec les filles, pique-niquer d'une pizza. Il y a des souvenirs qui restent ! 
 
Malheureusement la façade principale du moulin n'est pas au soleil. Je fais donc le tour et je découvre que la ville de Vernon, propriétaire du bâtiment, n'a rénové que la façade visible du pont ! 
 
Le vieux moulin en colombages a été construit vers le XVIème siècle, à cheval sur les piles de l'ancien pont médiéval du XIIème siècle. 
Il faisait partie d’un ensemble de cinq moulins chargés de moudre le blé récolté sur le plateau du Vexin, « à roue pendante », c’est à dire qu'on pouvait élever ou abaisser la roue selon le niveau de la Seine. 
De ces installations, il ne reste qu'un seul moulin, datant du XVIème siècle, qui a fonctionné jusqu’au XIXème siècle. 
 
Derrière le moulin, le château des tourelles dont je ne me souvenais plus. Un donjon carré flanqué de 4 tourelles crénelées d'une hauteur de 20 mètres est le dernier témoignage de l’époque médiévale. Le châtelet contrôlait et protégeait le pont et autorisait l’accès à la ville fortifiée. 
Il a successivement servi de laminerie, tannerie et minoterie. 
 
Sous les arbres, se dressent 7 statues en bronze appelées «People» (1997) d'Olivier Gerval, un artiste local installé au Japon.  
Sept silhouettes toutes de la même couleur et de la même forme, deux fois plus grandes qu’un être humain. Elles sont disposées comme pour une photo de famille, les petits devant, les grands derrière, mais jamais parallèles. 
On peut voir d’autres membres de leur famille au musée de sculptures en plein air du château de Vascoeuil, dans l’Eure. 
 
Notre étape d'aujourd’hui s'arrête quelques kilomètres plus loin, à Giverny, temple de l'impressionnisme. Nous avons le droit de stationner sur l'herbe, au fond du parking des bus. Avec la chaleur d'aujourd’hui, c'est parfait ! Nous visiterons la maison de Monet demain, à l'ouverture, pour éviter la foule. 
Soirée calme passée en partie à la préparation de mes cours, en partie au classement des photos. Pour nous, pas de finale de la coupe d'Europe. 
 
 
                                                                                                               Lundi 11 juillet haut de page
 
L'équipe de France a perdu la finale contre l'Allemagne et le soleil est en berne ce matin. Il a bien du mal à percer le plafond nuageux. 
 
La maison et le clos normand ouvrent à 9h30 pile …. pas une minute avant, plutôt 5 minutes après, alors qu'une petite queue s'est déjà formée devant la caisse. Les groupes entrent par le clos normand et lorsque nous arrivons au pont, il est déjà envahi. Nous avons l'impression d'être à l'étranger. On entend toutes les langues sauf le français. C'est dommage, le manque de soleil ôte bien du charme à l'endroit. Les nénuphars recouvrent la mare mais ne forment pas ces taches colorées telles qu'on les voit sur les tableaux de Claude Monet. Je trouve néanmoins quantité de fleurs à photographier. 
 
Après le clos normand, nous passons à la maison de Monet. La visite commence par l'atelier, reconstitué à l'identique avec des copies de l'œuvre du peintre. Les photos sont interdites et pourtant ils sont nombreux à transgresser l'interdit. Ces façons de faire ont le don de m’énerver ! 
 
Il est midi passé quand nous quittons le musée et la file à l'entrée s'est considérablement allongée. 
 
Quelques pas supplémentaires pour découvrir le village puis retour au camping-car pour le repas. Nous prenons ensuite la direction de l'abbaye de Mortemer du XIIème siècle, à Lisor. 
 
C'est avec les moines bénédictins, invités par Henri Ier Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant que l'histoire commence en 1134. 
 
En 1137, l'abbaye est rattachée à Cîteaux ce qui en fait la première abbaye cistercienne de Normandie. L'abbaye s'agrandit grâce aux donations de Mathilde l'Emperesse et son fils Henri II de Plantagenêt. L'église est consacrée en 1209. À son apogée, 200 moines vivent à Mortemer. L'abbaye commence à décliner au XVIème siècle avec l'instauration de la commende. À la fin du XVIIIème siècle, ils ne sont plus que 5 moines à vivre dans un édifice déjà bien ruiné. Mortemer est vendu en 1792 à un fermier qui en utilise les pierres. 
 
Nous prenons le forfait visite + légendes. 
 
Les seuls bâtiments encore debout sont le colombier du XVIIIème siècle et le bâtiment conventuel dans lequel nous pénétrons pour visiter un petit musée des légendes. L'abbaye serait hantée mais nous avons loupé le rendez-vous avec le fantôme ! 
 
Ensuite, nous avons une bonne demi-heure pour découvrir les lieux avant de faire une balade en petit train qui se révèle être un vulgaire tracteur qui tire une plate-forme des plus inconfortables. Le tour des deux étangs est néanmoins agréable. Un peu plus de soleil aurait apporté plus de contraste aux photos. 
 
Nous terminons la journée à Lyons-la-Forêt, traversée par un cours d'eau portant un curieux nom : le Fouillebroc. 
 
Le parking à côté des pompiers est vaste, presque plat. Quelques gouttes de pluie tambourinent sur le pare-brise avec la tombée de la nuit. 
 
 
                                                                                                               Mardi 12 juillet haut de page
 
Lyons-la-Forêt est un village typiquement normand après avoir été au Moyen âge cité royale. 
 
Avec un plan récupéré à l'OT, nous allons pouvoir découvrir le bourg à notre rythme. 
Le circuit commence sous l'imposante halle des XVème– XVIIIème siècles restaurée grâce aux largesses du duc de Penthièvre (petit-fils de Louis XIV). Elle abrite toujours le marché. Dommage pour les photos que le stationnement ne soit pas interdit aux abords ! 
 
L'ancien hôtel de la maréchaussée (XIIème, XVIème, XVIIIème siècles), appuyé sur les vestiges des remparts, semble avoir servi de pavillon de chasse à Charles IX. Il a été plusieurs fois remanié. 
 
La Huchette (XVème, XVIIIème siècles) appartenait à l'aéronaute Ch. Dollfuss. Chabrol en a fait la maison d'Emma Bovary dans son film de 1991. 
 
La gaudinière du XVIIIème siècle a appartenu au peintre surréaliste André Masson qui y a reçu de nombreuses personnalités comme A. Breton, L. Aragon, J. L. Barrault… 
 
Le square des trois moulins est traversé par la Lieure et occupe le site des anciens moulins et des viviers royaux. Sur le pont, un mystérieux lion en pierre nous regarde passer. 
 
Le Fresne et le studio dit de M. Ravel du XVIIIème - XXème siècle est une villa anglo-normande qui a accueilli le musicien entre 1911 et 1922. Il y a achevé la composition du Tombeau de Couperin. 
 
Notre promenade est écourtée par une averse aussi soudaine que forte ! Nous revenons au camping-car dégoulinants ! 
 
Après le repas, c’est en camping-car que nous nous rendons à l'église curieusement excentrée par rapport au centre ville. 
 
En fait le village originel se situait là on se trouve maintenant l'église. C’est le roi d'Angleterre Henry Ier de Beauclair, qui au XIIème siècle a fait transférer, le village plus haut, au pied du château nouvellement construit. Ce château a été détruit à la fin de la guerre de 100 ans. 
Nous avons bien fait d'y aller en camping-car car l'église est fermée. Je me contente d’observer sa façade en damier faite de silex et de grès et de la photographier. 
 
Notre visite de l'après-midi est l'abbaye de Notre-Dame de la Fontaine Guérard à Radepont, un modeste prieuré de femmes fondé vers 1190 par le comte Robert de Leicester. Les moniales décident de s'affilier à Cîteaux. A la Révolution, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux alors que 12 moniales et 4 sœurs converses y résident encore. L'abbaye sert de carrière de pierres pour la construction de la première filature de Fontaine-Guérard. En 1937, le dernier propriétaire lègue le domaine à l'Armée du salut. En 2013, l'ensemble est revendu à un propriétaire privé qui l'ouvre alors au public. 
 
Il fait à nouveau beau quand nous passons sous le porche d'entrée arborant la date de 1742, année de sa réfection maladroite. Face à l'entrée coule la source appelée ”fontaine qui guérit” parce qu'elle aurait des vertus dermatologiques et serait à l'origine de la construction de l'abbaye. 
 
Devant nous se dressent les ruines de l'abbaye. Un petit plan remis à l'entrée nous permet de nous repérer mais surtout de nous imaginer l'abbaye au temps de sa splendeur. Seule subsiste en partie l'église abbatiale entourée de quelques pièces. 
 
Reflet des constructions cisterciennes, l'église possède une seule nef, sans collatéraux, ni transept, achevée par un chevet plat percé de trois fenêtres à lancettes dont celle du milieu est plus haute que les autres. 
 
Trois portes ouvrent sur les autres parties de l'abbaye. La porte des converses permettaient aux sœurs qui travaillaient et ne suivaient pas la règle de St Benoît de se rendre au cloître et dans les bâtiments leur étant réservés. La porte des moniales et la porte des morts menaient au cimetière, profané à la Révolution et planté de pommiers à présent. 
 
Le presbytère donne directement dans le cœur de l’église afin que le prêtre ne croise pas les moniales. On y voit encore deux piscines creusées dans la pierre et au ras du sol, une pierre de consécration ornée d'une croix. Il faut la voir et nous mettons un petit moment pour la découvrir. Un gisant en habits du XIIIème siècle repose dans une chapelle latérale, la tête posée sur un coussin. À ses pieds, deux chiens se disputent un os. 
 
Près de l'église, intimement liés par le tronc, un châtaignier et un pin, s'élancent vers le ciel. Certains poètes ont interprété la chose comme la réminiscence de l'histoire des deux amants. 
 
Voici la légende réécrite au XIXème Siècle tirée de «l’Ermite en Normandie» 
«Il y avait vers la fin du XIIème siècle, à l’embouchure de l’Andelle, un fief appartenant à messire Robert, baron de Cantelou, seigneur d’Amfreville-les-Monts et autres paroisses circonvoisines. Le sire de Cantelou avait toutes les allures de la vielles chevalerie, tracassait ses vassaux, ne rêvait que guerres, chasses et voyages aux pays lointains. Le départ de Richard Coeur de Lion pour la croisade fut un événement pour le seigneur de Cantelou. Bientôt son armure et ses chevaux furent prêts; bientôt on le vit la lance au poing et portant son écu au «champs de gueule semé de trois besans d’argent». Cependant, un vif regret dominait le baron : c’était de laisser ses vassaux tranquilles. De sa femme et de sa fille, la charmante Mathilde, il n’avait nul souci; il partit donc, peu regretté de tous et s’achemina vers Marseille où se réunissait l’armée des croisés. Sa femme, restée seule avec Mathilde, avait une parente, Alix de Bonnemare, qui habitait le manoir du même nom, situé sur la paroisse de Radepont. Alix, devenue veuve depuis quelques années, élevait avec tendresse son fils Raoul, âgé de 18 ans. Les moeurs de Raoul étaient simples, religieuses, et ne ressemblaient en rien à celles du farouche baron de Cantelou. Les deux mères, unies par des liens de parenté, se quittaient rarement. Raoul aimait à être près de sa cousine; Mathilde, de son côté, était heureuse des égards et du respect que lui témoignait son jeune parent. Ils ne se doutaient ni l’un ni l’autre qu’un sentiment plus vif regnait dans leurs coeurs. Les deux mères avaient bien entrevu l’union possible de leurs enfants, mais elles se seraient bien gardées de ne prendre aucun parti sans l’aveu du baron, et son retour paraissait encore éloigné. Sur ces entrefaites, la mère de Mathilde mourut. Le baron informé de cette perte, manda de faire placer sur son tombeau une large pierre et d’y graver ses armes et son écu. De sa fille il ne dit rien; la châtelaine de Bonnemare la recueillit et lui prodigua des soins véritablement maternels. Deux ans s’étaient à peine écoulés, que le baron de Cantelou rentrait à son manoir, en compagnie d’un chevalier qui lui avait sauvé la vie au prix d’un oeil et d’une balafre qui l’avait horriblement défiguré. Le baron de Cantelou revint bientôt à ses habitudes cruelles et tracassières; il avait défendu de faire aucun mariage pendant son absence; les jeunes gens se présentèrent en foule à son arrivée. Alors pour se rendre compte du sentiment qui les animait, «il prescrivit à chacun d’eux les épreuves les plus bizarres et les plus dures : les uns étaient obligés de passer leur première nuit de noces, perchés comme des oiseaux sur les branches de quelque grand arbre; les autres étaient plongés pendant deux heures dans les eaux glacées de l’Andelle, ceux ci étaient attelés à une charrue et contraints de tracer un pénible sillon; ceux là étaient obligés de sauter à pieds joints par dessus un bois de cerf, et malheur à ceux qui n’obéissaient pas à ses ordres tyranniques, ils étaient ajournés à une autre année.» Jusqu’à ce moment, le seigneur de Cantelou semblait oublier qu’il eût une fille, lorsqu’un jour, employant ses loisirs à des chasses qui lui retraçaient l’image de la guerre, il vint au château de Bonnemare, accompagné de son fidèle chevalier. Il vit Mathilde avec indifférence, car la voix du sang ne parlait guère à ce coeur endurci; mais la beauté de Mathilde frappa son compagnon, qui, aveuglé par sa propre laideur, fit des ouvertures au baron. Peu de jours après, la jeune fille fut mandée par son père; les ordres étaient positifs et il n’y avait pas d’exemple dans toute l’étendue de la seigneurerie que l’on eût hésité un seul instant à s’y soumettre. La dame de Bonnemare et Raoul conduisirent Mathilde au château; comme le baron n’avait demandé que sa fille, elle fut, dès la première porte, séparée de ceux qui l’accompagnaient. Alix poussa un long soupir. Raoul, qui depuis longtemps n’avait pas quitté Mathilde, fut atterré et, dans l’égarement de sa raison, il passa ses tristes journées à parcourir les bords de l’Andelle pour y chercher son amie qui n’y reviendra plus. Les murs du château de Cantelou furent seuls témoins des pleurs de Mathilde et des cruelles exigences de son père. On y rapporte, cependant que l’inflexible baron conduisit sa fille à la fenêtre d’une tourelle et dit, en lui montrant les roches escarpées du voisinage : vous épouserez le chevalier, ou je consens à subir cent ans de purgatoire et à errer de nuit sur ces coteaux. 
Mathilde résista sans doute aux ordres de son père, car , peu de temps après, elle était enfermée dans le monastère de Fontaine Guérard qu’elle édifiait par sa résignation et les pratiques de la plus sainte piété. Cependant, le chevalier, qui aimait encore plus le vin et l’indépendance que les femmes, s’ennuya de toutes ces résistances. Un beau matin il quitta le pays, laissant le baron tourmenter les hôtes des forêts, ses vassaux et sa fille. Le pauvre Raoul n’était jamais un seul instant sans penser à sa bien-aimée. Tous les jours, sur les les coteaux de Fontaine Guérard, il la cherchait à travers les vitraux du couvent, heureux d’échanger un regard avec elle, ou même d’entrevoir son ombre chérie. Un événement grave vint tout à coup lui donner une lueur d’espoir. Dans une des ses chasses, le baron fut grièvement blessé par un sanglier. Raoul qui cherchait partout l’occasion de l’approcher pour le rendre favorable à ses projets d’union, courut à son secours et lui sauva la vie. Transporté au château de Cantelou, le baron fut plusieurs jours sans connaissance; lorsqu’il se trouva mieux, il vit, près de son lit, Mathilde, la douce Mathilde qui lui avait prodigué les plus tendres soins. Tant de dévouement aurait dû le toucher; il ne lui inspira qu’une de ces idées bizarres qu’enfantait habituellement son esprit. Sans rien communiquer de ses intentions à sa fille, il mande Raoul au château et lui dit : je veux bien te donner Mathilde, mais j’ai soumis mes vassaux à de dures épreuves, et le chevalier qui voudra obtenir la fille du seigneur de Cantelou, devra se résigner à la plus dure qu’il ait imposée jusqu’à ce jour. J’ai fait un voeux terrible et je perdrais mon âme si je négligeais de l’accomplir : Vois, Raoul, vois ce pic escarpé ; Mathilde sera ton épouse si tu peux la porter en courant, depuis la base jusqu’au sommet. Cette cruelle sentence arracha des larmes à Mathilde; elle tâcha d’adoucir son père; la mort pouvait être au bout d’une pareille épreuve. Le baron fut insensible à ses pleurs. Raoul seul montra de la résolution, étant prêt à se soumettre à tout pour obtenir la main de sa bien-aimée. Au jour fixé pour l’épreuve, les cloches de toutes les églises sonnèrent. Les vassaux de Pont Saint Pierre et des villages voisins se réunirent au pied de la côte, rangés derrière leur seigneur. On dit que les nonnes de Fontaine Guérard ne purent elles-même résister à la curiosité, et qu’elles se groupèrent sur une éminence de leur parc, d’où elles pouvaient découvrir l’affreux rocher. Raoul est impatiant de sentir contre son coeur le doux fardeau qu’il espère bientôt déposer au sommet du mont. 
Tout est prêt, le signal est donné; il prend Mathilde dans ses bras, il part, il vole; tous les coeurs sont émus, comprimés; tous les spectateurs le suivent des yeux et tremblent. Mathilde, la pauvre Mathilde, comme elle se fait légère ! À peine ose-t-elle respirer craignant d’ajouter à son poids. Une roche semble arrêter Raoul, mais un soupir de Mathilde lui fait faire un dernier effort; il poursuit, arrive au sommet du mont, mais il tombe sans vie au terme de sa course. Le baron et tous les assistants s’empressent d’accourir; Mathilde est sur le bord de l’abîme, tenant entre ses bras le corps de Raoul. Mon père s’écrie-t-elle, l’union que vous avez permise s’accomplit. À ces mots, elle se précipite avec son précieux fardeau, et vint expirer aux pieds de son père.. Pour la première fois, l’âme impitoyable du baron s’attendrit; il s’étonne de verser des larmes. En proie au plus vif repentir, il fonde le prieuré des Deux Amants, où il prend l’habit de pénitence qu’il porta jusqu’à sa mort. 
La dame de Bonnemare ne put survivre au malheur qui venait de frapper son coeur de mère. Les nonnes de Fontaine Guérard réclamèrent les corps des deux victimes, et les mirent dans un même tombeau, près du choeur de l’église. On le voyait encore avant la révolution, recouvert d’une pierre où étaient réunies, dans un seul écusson, les armes des Bonnemare et des Cantelou. 
Cependant la justice de Dieu exigeait de plus terribles expiations; le baron ne tarda pas à mourir, et durant cent années, son spectre erra dans les bruyères, exhalant de sa poitrine oppréssée ces seuls mots que l’on ai retenus : Mathilde, Mathilde, cent ans de pénitence. Les coteaux témoins de ces apparitions furent abandonnés comme un lieu maudit, et depuis ce temps, l’une des côtes qui regardent le parc de Radepont est appelée le champ Dolent. 
«Histoire du château de Radepont et de l’abbaye de Fontaine Guérard» 
Par L. Fallue 1851 pages 13 à 20. 
 
Sur le côté de l'église subsistent encore plusieurs pièces. Le réfectoire a disparu. 
 
Le dortoir à l’étage, éclairé d'étroites fenêtres à lancettes, sert de salle d'exposition. Une fenêtre, une chambre de moniale … Pas de quoi faire la fête ! Par contre une belle charpente recouvre l'ensemble mais elle n'est pas d'origine car modifiée au XVIIIème siècle. Le tour est vite fait ; l'exposition ne nous intéresse pas ! 
 
En redescendant du dortoir, nous nous arrêtons dans la salle capitulaire encore bien conservée. Les clefs de voûte sont joliment sculptées de feuillage. L'une d'entre elles diffère : elle porte la silhouette d'un hibou. 
 
Derrière l'abbaye, les jardins organisés en trois espaces comme le veut la tradition cistercienne : savoir, travail, méditation. 
Le jardin du savoir est celui des simples où chaque plante médicinale alterne avec un carré de pierres. 
Le jardin du travail présente 4 carrés reprenant un des 4 éléments : l'eau, l'air, la terre, le feu.  
Le jardin de la méditation est réduit au minimum et préfigure le paradis auquel chaque moine est promis. 
Sur le mur extérieur, on voit encore les traces de l'unique cheminée de l'abbaye, celle du chauffoir. 
Balade agréable et zen, d'autant plus que le soleil brille à nouveau. 
 
Nous avons du mal à quitter les lieux et après une ultime photo, nous prenons la direction de Ry.  
 
Pour les férus de littérature du XIXème siècle, ce nom n’est pas inconnu. Si je dis Yonville-l’Abbaye ? Emma ? Gustave ? Les différentes pièces du puzzle se mettent-elles en place ? 
En effet si Flaubert utilise le nom fictif de Yonville-l’Abbaye, la description qu’il fait du village où se situe l’action de Mme Bovary correspond bien à la physionomie de Ry. 
Naturellement, nous sommes dans la fiction mais l’idée de suivre les traces d’Emma Bovary est bien tentante. 
Pas de problème pour garer le camping-car et nous voilà partis, circuit en main. 
 
Quelques photos s’imposent tout d’abord au bord de la Rieule qui traverse Ry. La vue du pont est bucolique à souhait.  
 
Le circuit ne commence vraiment que sur la place Flaubert où une stèle est érigée en l’honneur du grand écrivain.  
 
Nous voulions visiter le musée des automates que nous avions déjà vu, il y a longtemps, en famille …. Manque de chance, il n’est plus ouvert aux particuliers et de là à constituer un groupe en moins d’une heure me semble bien compromis ! 
 
L’étude de Maître Guillaumin, Maître Leclerc dans la réalité, a été remplacée par une nouvelle enseigne : Rêvery. Visiblement pas un hasard … 
 
L’étape suivante nous mène devant la seconde demeure des Delamare, où ils déménagèrent alors qu’ils étaient accablés de dettes. C’est ici qu’Emma se donne la mort à l’âge de 27 ans. 
 
Rien avoir entre l’actuelle agence bancaire et l’auberge du lion d’or devant laquelle s’arrêtait la diligence «L’hirondelle», reliant Rouen à Yonville, conduite par le Père Hivert. 
 
La demeure des Bovary, actuelle étude notariale, avait la particularité de posséder deux sorties dans deux rues différentes ce qui permettait à Emma de rejoindre son amant sans être vue.  
La célèbre pharmacie Homais est devenue la mercerie Emma.  
 
Nous nous arrêtons un petit instant sous les halles pour admirer leur structure. La mairie en occupe une partie. 
 
Nous arrivons à l’église St-Sulpice du XIIème siècle mais fortement remaniée jusqu'au XIXème. 
Elle est surtout remarquable pour son porche du XVIème siècle en chêne sculpté. 
On ne sait pas vraiment qui en est le commanditaire mais sûrement quelqu'un de très riche. 
L'ensemble est décoré de figures bibliques, d'animaux fantastiques ou encore d'éléments végétaux.  
 
Dans le vieux cimetière attenant, la stèle du docteur Delamare. La tombe de sa femme, Delphine Delamare, qui semble avoir été Mme Bovary, a été déplacée. Seule une plaque commémorative est apposée sur le mur de l'église.  
 
Un peu plus loin, une maison pourrait être la ferme de la Mère Rollet, la nourrice de Berthe, la fille d’Emma. 
 
Et pour terminer notre promenade à travers Ry, une jolie longère, n’ayant aucun lien avec le roman de Flaubert mais bien dans le style normand. 
 
Il est à présent l’heure de se poser. L’aire de service de Ry ne nous plaît pas spécialement et nous décidons d’aller voir plus loin.  
 
Plus loin c’est Martainville et son château que nous aimerions visiter demain. Mais le parking, au bord de la grande route, est tout à fait inapproprié pour passer la nuit en toute tranquillité. Une petite cinquantaine de kilomètres nous séparent de Jumièges et c’est donc là que nous terminons la soirée. 
 
 
                                                                                                               Mercredi 13 juillet haut de page
 
Nous nous réveillons sous la pluie qui nous tient enfermés toute la matinée. Que cela ne tienne, nous avons de quoi nous occuper.  
 
Après le déjeuner de beaux morceaux de ciel bleu apparaissent dans la grisaille céleste. Nous nous mettons immédiatement en route ! 
 
Même s’il est possible de se promener librement dans les ruines, nous préférons attendre une visite guidée afin de ne rien louper de ce joyaux de l’architecture religieuse normande. 
 
St-Philibert fonde Jumièges en 654. Elle connaît immédiatement un développement important seulement interrompu par les invasions vikings entre 841 et 940. Sa renaissance se fera avec le soutien des ducs de Normandie. Après la Révolution, l’abbaye est vendue et transformée en carrière de pierres ! En 1852, elle est sauvée par la famille Lepel-Cointée et rachetée par l’état en 1946. 
 
La reconstruction de l’abbaye n’a jamais été pensée et seule une campagne de sauvegarde est organisée. 
 
L’entrée se fait par l’ancienne porterie du XIVème siècle, à l’architecture gothique. L’ensemble du bâtiment a été remanié à la fin de XIXème dans un style néogothique par la famille Lepel-Cointée qui y a élu domicile. 
 
La guide, passionnée par l’histoire de Jumièges, prend son temps pour nous faire découvrir l’édifice dans le moindre de ses recoins. 
 
L’abbatiale Ste-Marie présente une façade imposante, austère entre ses deux tours hautes de 46 mètres. C’est un bel exemple d’architecture romane normande du XIème siècle. 
 
En pénétrant dans la nef, nous sommes saisis par le vaste volume qui s’offre à nous : 25 mètres de haut, rythmés par trois niveaux : les arcades, les baies triples et les fenêtres hautes. Le toit n’existe plus. 
 
Dans le transept deux styles se superposent : le roman et le gothique. 
Le chapiteau roman dit à l’oiseau présente, enserré dans un pilier gothique du XIIIème siècle, un oiseau coloré. 
 
Du choeur reconstruit au XIIIème siècle et constitué de 7 chapelles rayonnantes, il ne reste plus grand chose. Agnès Sorel, favorite de Charles VII, était enterrée dans l’une d’elle. 
 
Accolée à l’abbatiale, l’église St-Pierre semble bien minuscule. Située à l’intérieur de la clôture, c’est à dire dans la partie réservée aux moines, c’est l’église originelle. Et par conséquent, c’est ici que se trouvent les parties les plus anciennes de l’abbaye et un petit trésor. En effet, au-dessus de petites baies géminées typiques de l’art pré-roman, une série de 6 médaillons dont les décors ont pratiquement disparu encadrent l’entrée. Dans un coin, à côté d’une sculpture sur un pilier, on remarque, certes assez difficilement, un homme peint, représenté en buste. Ce sont les seules traces carolingiennes qui subsistent après que le monastère ait été détruit par les Vikings au IXème siècle. 
 
Le restant de l’édifice a été entièrement reconstruit aux XIIIème et XIVème siècles. 
 
Nous traversons le cloître dont la structure a quasi disparu. Il avait été relevé dans les années 1530 pour être à nouveau démoli au XIXème siècle. 
Au centre, à l’emplacement du puits, pousse un arbre. C’est là que s’arrête la visite guidée et nous poursuivons à notre guise. 
 
Derrière l'abbaye, dans un grand jardin, l'art contemporain environnemental s'est installé pour neuf mois. Ce n’était pas le but de notre visite alors je n'ai photographié que ce que nous avons vu spontanément et je n’ai pas recherché les autres. 
 
Vestiges d'Anne Barrès qui occupent la place de l'ancien potager. La structure en carrés est encore lisible au sol grâce au treillis en fer rouillé. 
 
«Les quatre Sorel» de Mireille Gonnet représente une forêt de tasseaux reportant le visiteur dans la forêt du XVème siècle, lieu de chasse royale. 
 
Au fond du parc, le logis abbatial, résidence des abbés commendataires abrite actuellement un musée lapidaire qui regroupe des œuvres provenant des églises alentours qui avaient récupéré le statuaire de l'abbaye avant qu'elle ne soit transformée en carrière de pierre. Quelle bonne idée ! (Le gisant des énervés St-Pierre en pape, Clef de voûte de St Philibert) 
 
L’exposition temporaire 1936-2016, portrait de la France en vacances, est très intéressante mais avec le reflet du flash sur les vitres, les photos ne sont guère faciles. Dommage car ce sont des scènes qui nous parlent. 
 
Après l'abbaye, petit tour au village, pas très étendu. Quelques belles maisons nous font de l’oeil mais à part cela, il n’y a pas grand chose à voir. Les rares commerces sont aussi fermés en cette veille de fête. 
 
 
 
 
 
                                                                                                              Jeudi 14 juillet haut de page
 
Nous reprenons la route après les services. Il fait beau ce matin et notre destination sera Villequier. Nous longeons la Seine et trouvons à nous garer à l’entrée du village. 
 
Il fait beau et des moutons blancs gambadent joliment dans le ciel. Avant de visiter le musée Victor Hugo, nous prenons le temps de flâner dans ce petit village. Briquettes et pans de bois témoignent de l'artisanat normand. Nos pas nous mènent tout naturellement à l'église Saint-Martin du XVIème siècle juchée sur les hauteurs du bourg. À côté, dans l'ancien cimetière, nous trouvons ce que nous cherchions, à savoir la tombe de Léopoldine Vacquerie, la fille aînée de Victor Hugo. Les stèles ogivales en pierre calcaire inscrites aux MH depuis 2001 ont été restaurées en 2016. 
 
Il est temps à présent de nous rendre au musée Victor Hugo installé dans une belle grande maison bourgeoise de briques rouges, propriété de la famille Vacquerie, armateurs au Havre. 
 
Un des fils était un compagnon intellectuel d’Hugo et un autre, son gendre. 
 
C'est à Villequier, au cours d'une promenade en barque, que se noya, le 4 septembre 1843, Léopoldine, jeune mariée d'à peine 20 ans avec son époux Charles Vacquerie et un neveu. 
 
La maison recèle de nombreux documents relatifs à l'écrivain mais elle reste dédiée à la famille Vacquerie et me laisse sur ma faim. 
 
La visite qui commence par l’ancienne salle à manger de la famille, se poursuit avec le salon consacré à Auguste Vacquerie, journaliste et écrivain, ami d’Hugo. (1819-1895). 
 
La chambre «rose» est consacrée aux enfants des deux familles. Lien entre elles, le portrait de Léopoldine se trouve en bonne place ! 
 
Nous entrons à présent dans la chambre d’Adèle Foucher, qu’Hugo avait épousée en 1822. Elle est sombre, surchargée. 
 
Dans la chambre «Léopoldine Hugo-Vacquerie» c’est le couple qu’elle formait avec Charles Vacquerie qui est évoqué : leur vie au Havre, le drame du naufrage, la correspondance de Léopoldine …. Le lit provient de la maison d’un ami, Paul Meurice, chez lequel Hugo séjournait à Veules-les-Roses. 
 
La chambre suivante est oppressante par les couleurs sombres de la tapisserie, le semblant de fouillis qui y règne, le peu de lumière qui y pénètre! C’est la reconstitution de la chambre du couple Vacquerie au Havre. 
 
Les pièces suivantes n’ont aucun intérêt et c’est avec plaisir que nous nous retrouvons à l’extérieur où un beau soleil nous accueille après avoir récupéré à l’accueil nos gros sacs à dos. 
 
Il est encore un peu tôt pour nous arrêter pour la nuit et nous continuons jusqu’à l’abbaye de St-Wandrille de Fontenelle , la seconde abbaye au bord de la Seine. Fondée par un compagnon du roi Dagobert, cette communauté bénédictine restée bien vivante travaille à informatiser les bibliothèques de l’ordre. Les moines sont également brasseurs et négociants en produits d’entretien.  
 
La visite du parc et des ruines peut se faire en toute liberté. Pour les visites guidées de l’intérieur, il est trop tard ! Une fois de plus … 
St-Wandrille est une abbaye en pleine reconstruction. Le transept de l'ancienne église abbatiale Saint-Pierre – aujourd'hui en ruine – a été échafaudé en vue d'être restauré.  
 
Nous découvrons une petite chapelle au fond du parc, c’est Notre-Dame-de-Caillouville-La-Neuve. Quel nom ! Heureusement que la chapelle est plus simple que son nom pompeux ! Une nef dépouillée, recouverte d'une charpente en bois et éclairée de vitraux représentant ND-des-Anges. Au sol, sous une dalle en pierre, repose dom Gabriel Gontard, abbé de 1943 à 1962. Il a réalisé la restauration des bâtiments endommagés par un bombardement en août 1944. 
Le sanctuaire voûté en berceau brisé, est éclairé par des vitraux représentant Notre-Dame-des-Anges. A l’arrière de la chapelle sont inhumés les moines décédés depuis 1972. 
Un peu plus loin, une ancienne grange normande. 
 
Le tour du site est vite fait. Une partie est en travaux et l’église est inaccessible à cause de la célébration qui s’y tient.  
 
Nous allons nous promener dans le village où nous découvrons la jolie petite église en pierre du XIème siècle, consacrée à St-Michel. 
Très souvent modifiée, elle conserve néanmoins un clocher de style roman dardant au milieu de l’édifice. A l'intérieur, une douce lumière chaude nous accueille ... ainsi que les notes mélodieuses de l'organiste en pleine répétition. 
 
Un chemin mène sur les hauteurs du village et nous permet d’avoir un joli point de vue sur l’abbaye. 
 
Nous avions l’intention de nous installer chez un accueillant FP mais devant l’étroitesse du chemin qui y mène, nous changeons d’avis ! 
 
Nous franchissons la Seine par le pont de Bretonne, gratuit, pour tenter de trouver notre bivouac du jour…. Pas de place à St-Nicolas de Bliquetuis, un terrain pas trop plat à La Mailleraye-sur-Seine, un FP «encombré» à Heurteauville pour finalement arriver à l’aire privée des cerisiers à quelques 2/3 km de là, au bord de la Seine. L’endroit est charmant et sécurisé. L’accueil est sympa. 
 
 
                                                                                                    Vendredi 15 juillet haut de page
 
Après un arrêt ravitaillement à Yvetot, nous posons nos roues dans un immense pré à Veules-les-Roses. Nous avions peur de ne pas pouvoir nous garer mais la place ne manque pas. Seul l’accès est un peu compliqué.  
 
Nous déjeunons tout d’abord avant de nous lancer sur le circuit du plus petit fleuve de France. La dernière fois que nous sommes venus, c’était fin octobre et le soir était déjà tombé lorsque nous avons tenté de découvrir le village. Aujourd’hui, il fait grand beau temps et nous comptons bien en profiter un maximum. 
 
Oui, vous avez bien lu : le plus petit fleuve de France avec ses 1149 mètres. À côté du Rhin et ses 1 320 km ou de la Seine mesurant 776 km, un peu plus d’un kilomètre c’est risible. Et pourtant, la Veules porte bien le nom de fleuve puisqu’elle se jette dans la Manche. 
 
Dans le village beaucoup de monde et nous ne sommes pas les seuls à suivre le circuit. 
 
Nous nous arrêtons tout d’abord à l'église St-Martin reconstruite à la fin du XVème siècle. Seuls le clocher et le mur latéral de la chapelle nord datent d'une époque plus ancienne. L'église possède trois nefs fermées par une façade divisée en trois pignons. 
 
L'intérieur est surprenant. Les nefs habillées de bois sont voûtées en forme de carène de bateau et soutenues par de fines colonnettes décorées. Pour moi, c’est une première !  
Un Saint-Sépulcre en pierre polychrome est disposé sous un baldaquin de bois, avec un fronton triangulaire surmonté d'un pélican du XVIIème siècle. Superbe ! 
 
Mais le but premier de notre promenade est de trouver la source. Nous remontons les Champs Élysées ... Eh oui, il n’y a pas que les Parisiens qui ont leurs Champs !  
 
La Veules serpente à notre gauche, un petit ruisseau qui manque d’eau en cette saison. Autrefois, il existait onze moulins sur le fleuve. Le moulin de la cressonnière annonce ..... les cressonnières qui existent ici depuis le XIVème siècle. J’ai vu sur le net que le métier de cressonnier était pénible : toujours les pieds et les mains dans l’eau et toujours courbé .... 
 
La source se dévoile : elle est toute petite : petit fleuve, petite source... ça coule de source ! 
 
Un peu plus loin, nous attend une vue de carte postale : L’abreuvoir! 
 
Nous descendons à présent le cours d’eau. Encore un moulin !  
Le moulin Anquetil a été incendié lors de la bataille de Veules en 1940. Sa roue a été refaite et tourne à nouveau.  
 
En suivant le fleuve, nous découvrons l’envers du décor. Du XIXème siècle, le village a conservé ses chaumes, ses petits chemins, ses ruelles. Le temps semble s’être arrêté. Côté ville, ce sont les villas cossues, l’agitation d’une ville vivante, touristique, colonisée par des résidents anglais. Les salons de thé se sont développés en conséquence et je trouve qu’ils apportent un charme fou à l’endroit ! Quelques enseignes nous font de l’œil. Voilà de quoi alimenter la Lorgnette ! 
 
Nous recherchons l’embouchure de la Veules et la trouvons dans ses derniers mètres. Voilà ses eaux lâchées dans l’immensité.... Elles n’auront pas été très longtemps eaux douces.… 
 
Nous prenons notre temps pour remonter au camping-car et nous passons une soirée tranquille entourés par des dizaines d’autres véhicules. La prairie est vaste et nous ne nous gênons pas ! 
 
 
                                                                                                            Samedi 16 juillet haut de page
 
Ce matin, nous ne lambinons pas. Notre prochaine étape est St-Valéry-en-Caux du moins si l’on trouve de la place sur l’aire souvent surchargée ! Par rapport à hier, le temps n’est pas fameux mais il ne pleut pas. 
 
L’aire se situe sur la jetée ouest et son accès est si étroit qu’il est impossible de se croiser. Nous, on croise les doigts pour ne pas nous retrouver nez à nez avec un confrère. A noter que Saint-Valéry-en-Caux a été élue en 1996 "commune de l'année" pour l'accueil des camping-cars. 
 
A notre arrivée, il y a déjà beaucoup de véhicules; il reste une petite place pour Cigalon. Ce n’est pas le genre d’aire que nous aimons mais c’est le seul moyen de visiter la ville si l’on n’a pas d’autres moyens de locomotion que les pieds !  
 
Le camping-car à peine posé et nous voilà repartis ! Nous sommes déjà venu à St-Valéry mais n’avions pas pris le temps de découvrir réellement ce petit bourg normand très typique.  
 
On ne peut pas passer à côté de la maison d’Henri IV sans être interpelé par sa jolie façade, ornée de personnages, d’animaux, d’éléments végétaux et des scènes exotiques en bois sculpté. En effet, au XVIème siècle, les navigateurs normands découvrent le Brésil. Cette maison à pans de bois, traditionnelle en Normandie, fut construite par un armateur, Guillaume Ladiré en 1540, comme en témoigne l’inscription au-dessus du porche : “l'an mil V cens XXXX ceste meson fvt faicte P.Gville Ladiré A.Q Diev done bone vie “. 
Mais alors pourquoi ce nom de maison Henri IV ? Cela signifie-t-il que cette maison a été habitée par le Vert Galand ? 
Pas du tout ! Le roi, en voyage dans la région, en 1593, se serait arrêté à St-Valéry et y aurait logé une nuit. Comme partout ailleurs, on profité du conditionnel pour attirer le public.  
Le bâtiment est devenu un musée du patrimoine local. La visite est interdite aux chiens mais je jette néanmoins un petit coup d’œil sur le bâtiment du XVIIIème siècle au fond de la cour, fait en briques blanches et silex. Avant de nous laisser emporter dans les ruelles derrière le musée. Nous arrivons au couvent des pénitents. 
 
Fondé en 1623, ce couvent franciscain a d’abord porté le nom de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Les moines avaient pour mission de moraliser les marins de St-Valéry-en-Caux. Ils avaient vraisemblablement fort à faire !!! 
 
A la Révolution, le couvent a été le siège des Jacobins puis transformé en caserne, en prison militaire et finalement en hospice. 
 
Le cloître est en libre accès. Édifié au début du XVIIème siècle, en grès, il est composé de 14 arches en parfait état. La chapelle date du milieu du XVIIème siècle et sa cloche sonne toujours les heures. Pas de visite possible. 
 
Le couvent a l’air abandonné ... et les herbes folles s'en donnent à coeur joie. A priori, une partie des bâtiments devrait être transformée en logements haut de gamme. L’argent récolté ainsi servirait alors à la rénovation de la chapelle. 
 
Et un dernier petit coup d'oeil à l'arrière ... avant de poursuivre notre balade à travers les ruelles où le calme règne. Ҫà et là, nous découvrons une belle façade, un détail amusant… 
 
Pour rejoindre le bourg, il faut franchir l’écluse qui relie le port à la mer et fonctionne selon les marées. A cette heure, elle est haute entraînant dans son sillage les bateaux de pêche qui déchargent leur cargaison directement sur les quais pour le plus grand plaisir des amateurs de poissons frais. Les mouettes et les goélands connaissent l’adresse ! 
 
Ce quartier est bien moins typique que celui d’où nous venons.  
 
Il y a néanmoins une église moderne du XXème siècle qui nous fait de l’oeil par sa forme trapézoïdale. Il s'agit de la reconstruction d'une chapelle du XVIIème siècle détruite lors de la seconde guerre mondiale, comme 70% du bâti de St-Valéry. 
Sur la façade avant, un voilier dessiné en ardoise. 
 
Une curieuse ambiance à l'intérieur ... Pas de nef, pas de collatéraux ... Beaucoup de bois et de lumière car le chœur est complètement vitré. Et de magnifiques ex-voto rappellent que l'on est dans une chapelle de marins.  
 
Après le repas, le soleil nous engage à grimper sur la falaise d’Amont d’où la vue sur le port tout au long de la montée est de toute beauté. 
Nous savons déjà, pour y avoir été, ce que nous allons trouver perché sur la colline ! Il s’agit du monument Costes-et-Bellonte érigé en l’honneur du premier vol Paris-New-York sans escale. 
 
C’est le 1er septembre 1930, à bord du Breguet XIX Grand Raid, baptisé Point d’interrogation que Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, partis de Paris sont passés à la verticale de Saint-Valéry-en-Caux avant de s’élancer au-dessus de l’Atlantique et d’atterrir 37 heures plus tard à New-York. Un premier monument, inauguré par les deux pilotes eux-mêmes et Louis Blériot, a été érigé dès 1932 puis détruit par les troupes de Rommel en juin 1940. 
 
Ce n’est qu’en 1986 qu'un nouveau monument tout en acier inoxydable voit le jour. Une mappemonde posée à ses pieds indique le trajet effectué par les deux aviateurs.  
Douchka est heureuse de pouvoir galoper librement sur les falaises. 
 
Nous flânons un moment le long de la grande plage où se tient une exposition très intéressante intitulée «portraits anachroniques» inspirés de cartes postales ou de photos anciennes revisitées avec un regard contemporain. 
 
Nous revenons au camping-car pour un moment de lecture face à la jetée avant de profiter d’un magnifique coucher de soleil, avec comme fond sonore, les cris des goélands qui nichent dans les falaises crayeuses. 
 
                                                                                                        Dimanche 17 juillet haut de page
                                                                                                           
 
Grand beau temps au réveil. La Manche est d'huile ce matin. Nous quittons l'aire après avoir attendu le boulanger dont le pain est d'ailleurs quelconque. Si nous avions prévu d'aller directement à Fécamp, nous décidons en dernière minute de nous perdre un peu en pays cauchois. Un prospectus glané à l'OT indique un circuit pédestre à faire à Héricourt-en-Caux, source de la Durdent, fleuve côtier de 34 km de long. 
 
Aux champs de lin succèdent à présent des champs de céréales prêts à être moissonnés. Lorsque nous abordons la Durdent, nous apercevons d'anciens moulins transformés en habitations. Que c'est joli mais impossible de s'arrêter avec Cigalon. 
 
A Héricourt-en-Caux, nous nous garons devant le stade, sur le parking conseillé aux randonneurs. Il n'est pas encore 10h et il fait déjà bien chaud. Le circuit est balisé par des panneaux explicatifs et prospectus en main, nous partons d'un bon pied. 
 
La commune d'Héricourt n'a que 150 ans. Elle a été créée par la réunion en 1857 de deux villages situés de chaque côté du fleuve : St-Riquier et St-Denis. 
 
Le moulin Quitteville que nous longeons ne fonctionne plus depuis plus de 50 ans mais sa roue à aube tourne toujours. C'est l'un des nombreux moulins qui ponctuaient la Dourdent.  
 
Le village est dominé par l'église St-Denis qu'on ne peut pas louper tant elle est imposante. C'est la réplique de l'église de l'abbaye St-Martin de Boscherville. Dommage, elle est fermée car j'aurais bien voulu voir les cinq statues déterrées récemment dont celle de St-Denis portant sa tête, qu’elle abrite. 
 
Le beffroi de la fin du XIXème siècle est posé à côté l'église. L'abbé de Beauvoir a légué 15000 francs à la commune pour l'achat de trois cloches que le lanterneau à la croisée du transept ne pouvait pas supporter.  
 
En sortant du village, nous longeons tout d'abord le ruisseau St-Denis. C'est là qu'a été installée la station de traitement des eaux. Le chemin devient humide et avant même d'arriver à la source, nous avons droit à notre bain de pied et de boue ! Il y en a une que cela ne dérange pas ! Un peu plus loin, alors que nous sommes proches de la source, notre chemin s'arrête... barré par des arbres tombés. 
Il ne nous reste plus qu'à rebrousser chemin et revenir à notre point de départ pour reprendre le chemin des sources à l'envers, cette fois-ci en traversant l'ancien camping municipal, fermé depuis 2012. Il ferait une belle aire de service ! 
 
Le moulin bleu est une maison typiquement normande : grès, briques, bois, silex. Il doit son nom à la toiture d'ardoise ayant remplacé en 1875 son toit de chaume. 
 
Nous arrivons à la source ou du moins ce qui en tient lieu car on a pris l'habitude d'appeler source le point de rencontre des 2 ruisseaux : Saint-Denis et Saint-Riquier. Nous ne nous attardons pas car les taons prolifèrent ! 
 
Avant de quitter Héricourt, nous tentons la visite de la petite chapelle St-Riquier du début XVIIIème siècle en face du parking. Elle sert à présent de lieu d'exposition et elle est malheureusement fermée! 
 
Nous quittons le parking à la recherche d'un endroit où nous pourrons déjeuner à l'ombre. 
 
Au Hanouart débute une piste cyclable qui relie le village à celui de Grainville-le-Teinturier. C'est donc là que nous déjeunons avant de sortir nos vélos. 
 
La piste serpente entre arbres et prairie. Elle est en partie à l'ombre et c'est fort agréable aujourd'hui. Par contre, elle est en descente sur presque toute sa longueur. Cela promet pour le retour ! 
 
A Grainville, nous trouvons un village endormi dans une torpeur dominicale. Nous ne nous y attardons pas car il s'agit de remonter cette fois-ci vers Hanouart, ce qui ne m'inspire pas spécialement. Nous décidons de revenir par la route, la circulation y étant sporadique. C'est une bonne idée car point de montée, tout au plus un faux plat à tel point que nous poussons la plaisanterie à poursuivre notre route jusqu'à la seconde entrée de Hanouard. J'y ai en effet repéré un moulin. 
 
Nous reprenons Cigalon et à Grainville-le-Teinturier, nous sommes pris dans une parade. Oh pas un grand défilé … juste de petits chars et des majorettes. J'en profite néanmoins pour sortir du camping-car et prendre quelques photos. 
 
À Fécamp, le stationnement des camping-cars se fait un peu partout mais selon les conseils de l'OT, il vaut mieux utiliser l'aire de service située juste en face. 
 
Première balade au port et en ville. Immédiatement nous remarquons que Fécamp est une ville sale ! 
 
Nous repérons, avant de revenir au camping-car, le palais Bénédictine que nous visiterons demain matin. 
 
 
                                                                                                              Lundi 18 juillet haut de page 
 
Nuit calme, chaude mais réveil tonitruant avec une pelleteuse qui se met en marche dès 8 heures juste derrière le camping-car. Nous allons déjeuner un peu plus loin avant de nous mettre en route pour notre visite. 
 
L'histoire du palais commence au XIIème siècle à l'abbaye de Fécamp où vivent des moines bénédictins qui concoctent de nombreux élixirs. 
Parmi eux, le moine Dom Bernardo Vincelli qui arrive à l'abbaye en 1509. Il apporte des épices exotiques. Spécialisé en alchimie, il élabore plusieurs recettes dont l'une sera reprise jusqu'à la Révolution. 
La visite du palais commence par le péristyle où sur un vitrail Dom Bernardo élabore son breuvage. À noter que la petite bouteille de Bénédictine se retrouve partout.  
Ici cachée dans la peinture du plafond. 
 
Nous entrons dans une grande salle gothique qui abrite la collection d'objets liturgiques d'Alexandre le G 
 
rand, remis par le dernier des moines, Dom Bianchi. Parmi ces objets se trouvait également la recette de la Bénédictine. 
 
Nous pénétrons dans une petite salle carrée, la salle du dôme où se trouve la statue de Dom Bernardo Vincelli entouré par des saints : St-Etienne, premier martyre chrétien, St-Gilles reconnaissable à la biche qu'il a sauvée, St-Roch, guéri par des chiens après avoir contracté la peste. Il montre un bubon du doigt. Ste-Marguerite d'Antioche apparaît en 4 volets. 
 
La salle Renaissance abrite une collection imposante de ferronnerie. Dans une vitrine, une paire de bottillons de postillon en impose. 3 kilos chacun. Nous en avons vu de semblables à Chantilly. 
 
Suit le cabinet des manuscrits et la pinacothèque où nous passons rapidement. 
 
Dans l'oratoire, nous remarquons des serpents accrochés au mur. Il s'agit en fait d'instruments à vent, en bois recouvert de cuir. Leur son était grave et rauque. Le cuve baptismale, du XIIIème siècle, en fonte, est composée de deux bassins, l'un contenant l'eau, l'autre permettant de l'évacuer. 
 
Dans la salle gothique, le plafond en forme de carène renversée est en bois sculpté. Le gros œuvre a été réalisé par les charpentiers du port de Fécamp. 
 
La salle des abbés édifiée en hommage aux 16 plus importants abbés que compta l'abbaye de l'an 1000 à 1791 est de toute beauté. 
 
Brusque changement de décor lorsque nous pénétrons dans la salle Alexandre Le Grand. Il s'agit de la partie occupée de la fin du XVème siècle à 1976 pour la mise en bouteille de la Bénédictine. 
Collection de pots d'apothicaire du XIXème siècle en porcelaine. 
 
Un film résume l'extraordinaire histoire de cette liqueur. 
 
La Bénédictine est élaborée à partir de 27 plantes et épices : cardamone, vanille, aloès, cannelle … Naturellement le secret de fabrication est bien gardé et l’on ne nous montre pas les 27 ingrédients. 
Les plantes et épices sont dosées en 4 préparations différentes qui ont infusé avant d'être distillées. 
Nous passons dans la zone de distillation, accompagnés d'une guide. On ne voit pas grand-chose : une grande salle avec des tonneaux, puis la distillerie derrière une vitre.  
Un grand alambic pour infuser l'une des préparations à laquelle on rajoute une macération de vanille et d'écorce de citron. Chaque préparation est alors lentement distillée dans un alambic de cuivre martelé. Sont obtenus alors 4 alcoolats ou esprits qui seront assemblés et vieilliront pendant 8 mois dans les caves du palais. Finalement du miel et une infusion de safran seront rajoutés à l'assemblage et donneront à la liqueur sa couleur ambrée. Pour le B&B (Bénédictine et brandy) prisé par les Américains, du brandy français est rajouté. L'assemblage final va être chauffé à 55° puis reposera 4 mois dans les caves. 
 
À la fin de la visite, on peut encore découvrir une exposition photographique d'art contemporain de Michel Lagarde. 
 
Naturellement avant de passer à la boutique, on a droit à une dégustation contre un jeton remis à l'entrée. Pas de quoi se saouler puisque par personne on ne peut goûter qu'un des 4 produits commercialisés au palais. Pas de coup de foudre non plus pour la liqueur qui est bien trop sucrée. Et nous repartirons sans rien acheter, ce qui est plutôt rare. 
 
Après le repas pris assez tard, nous prenons la direction d'Étretat. Nous connaissons déjà la ville et depuis notre dernier passage, une aire pour camping-cars a été créée juste après le camping. Les places sont rares. Pour se rendre au centre, il vaut mieux prendre le vélo.  
 
C’est décidé, Douchka, après une promenade, restera dans le camping-car ! 
Le temps est au beau fixe : soleil et ciel bleu… quoi de mieux ?  
 
Il y a beaucoup de monde et il vaut mieux déposer assez vite nos destriers pour ne pas devoir les pousser. Cela nous donne le loisir de mieux regarder l’architecture du bâti. Pans de bois, façades sculptées de motifs floraux et de personnages donnent aux belles maisons typiques un petit air suranné. Certaines mériteraient même un rafraîchissement. 
 
Etretat centre n’est pas très grand et nous arrivons vite sur le Perrey, la digue qui sépare les habitations de l’océan. C’est d’ici que Monet a peint vers 1868-1869 près de 80 tableaux et des panneaux le rappellent. 
 
Une autre série de panneaux ponctuent notre promenade, celle d’anciennes photos qui racontent les métiers de la mer. 
 
Les calonges sont des bateaux transformés en abris, couverts d’un toit de chaume, destinés à loger le matériel de pêche. L’une d’entre elle abrite le cercle nautique. Un vieux cabestan est mis en valeur à côté d’un curieux plongeoir. Vers la fin des années 1870, les bains de mers étaient seulement utilisés comme traitement de certaines maladies psychiatriques au sein de la bourgeoisie. Ce n’est qu’au début du XXème siècle que naîtront les stations balnéaires et les bains de mer. Dès 1920, plusieurs villages de la côte mettent à la disposition des baigneurs des plongeoirs. Celui d’Étretat a fonctionné jusque dans les années 1970, date à laquelle il a été détruit par une tempête. Début 2013, l’association Patrimer en a reconstruit un à l’identique et le met à disposition des baigneurs chaque été.  
 
Sur la plage de galets, les baigneurs sont arrivés et quelques courageux osent même entrer dans l’eau, surveillés par un trio de maîtres-nageurs. 
 
Nous décidons de monter sur la falaise aval dès ce soir. Beaucoup de monde sur le chemin qui sillonne jusqu’au sommet entre un magnifique terrain de golf et l’océan. 
La montée est raide mais un petit vent rafraîchissant rend l’effort moins intense. Les promeneurs ne sont pas toujours très prudents et certains marchent en tongs. 
Du sommet de la falaise, la vue s’étend sur la marée montante. La mer est d’huile. 
 
Nous rentrons au camping-car après avoir fait un tour aux halles qui n’ont de halles plus que le nom puisqu’on y vend de tout !  
 
 
                                                                                                          Mardi 19 juillet haut de page
 
Pour profiter amplement de notre journée, nous démarrons dès l’ouverture de la maison d’Arsène Lupin. Elle est située dans un jardin planté d'arbres ancestraux, et de pelouses bordées de rosiers.  
 
Le Clos Lupin, en fait la maison de Maurice Leblanc, a ouvert ses portes au public en juin 1999, après son rachat en 1998 par Florence Leblanc, sa petite-fille. C'est une belle maison de deux étages aux toits pentus, agrémentée d'un balcon en bois dans le plus pur style cauchois. 
 
La visite de la maison se fait à l’aide d’audio-guides. Un parcours en 7 étapes permet de côtoyer à la fois l’auteur et son personnage… Nous sommes accueillis par la voix de Grognard.  
 
Puis l'écrivain prend la parole pour quelques mots de bienvenue et quelques confidences. Nous commençons par son cabinet de travail plongé dans une semi-obscurité. Le bureau est encombré. L’auteur semble l’avoir abandonné à l’instant. 
 
Puis, quelqu'un s'introduit et nous sommes surpris par la voix de Georges Descrières, c'est Arsène Lupin ! 
" … Je vais vous faire visiter la maison, vous avez de la chance d'être tombés sur moi, vous ne trouverez pas de meilleur guide. Allons-y, suivez-moi, ne vous égarez pas, les couloirs secrets ne manquent pas, et puis … gardez vos mains près de vos poches et de vos sacs, mesdames, on ne sait jamais … ". 
 
En pénétrant dans la pièce suivante, nous entrons dans le repaire du gentleman cambrioleur. D’ailleurs, il ne doit pas être loin car sa cape rouge et noire est posée sur le canapé. 
 
Poursuivons notre visite ! En traversant un petit couloir, nous repérons un lot de bagages ? Arsène Lupin n’aurait-il pas l’intention de s’en aller ? Rien ne manque : le carton à chapeau, les clubs de golf … 
 
Entrons à présent dans la chambre du Chiffre, là où il est possible de décoder l’énigme qui dévoile le secret de l’aiguille creuse. Rappelez-vous que la fameuse aiguille « haute de plus de quatre-vingt mètres » contenait la fortune des rois de France : perles, rubis, saphirs et diamants.... accessibles à ceux qui arriveraient à décoder une suite de chiffres. 
 
Pénétrons maintenant dans la salle des 47 "Lupin", où est conservée la garde-robe et les accessoires du gentleman cambrioleur. Pas moins de 47 postiches qui permettaient à Lupin de se grimer et d’échapper à ses poursuivants. 
 
La salle suivante nous fait plonger dans l’aiguille. Je le confirme, elle est véritablement creuse. Nous y étions ! 
 
Mais de Lupin toujours aucune trace. Il a sans cesse une longueur d’avance sur nous ! Nous quittons le clos bredouilles ! 
 
Nous poursuivons notre matinée par la montée sur la porte d’amont. En traversant le village, il est bien calme. Les touristes ne sont pas encore arrivés. De loin la porte d’amont, la plus petite des trois, ressemble à un éléphant trempant sa trompe dans l’eau. Au fur et à mesure de notre grimpette, nous admirons les falaises et la vue sur la porte d’aval est magnifique, entourée du bleu azur de la mer. Le promontoire est surmonté d’une chapelle, ND-de-la-Garde, du XIXème siècle mais détruite pendant la seconde guerre mondiale et reconstruite. Autour de la chapelle se pressent de nombreux touristes à la recherche d’un peu d’ombre. Ils étaient donc là !!! La plupart d’entre eux sont montés en voiture.  
Un peu à l’arrière, s’élève tout blanc, le monument dédié à Charles Nungesser et François Coli qui ont tenté de rallier New York à bord de l’oiseau blanc. Ils ont été repérés la dernière fois à 6h48 à l’aplomb de la falaise. 
 
De retour au camping-car, nous décidons de nous mettre au vert pour la soirée. Il fait en effet 40°. Arrêt chez un FP à Ste-Marie-du-Bosc. C’est l’occasion de manger un poulet rôti qui nous est amené directement sur la table ! 
Nuit calme. 

                                                                                                            Mercredi 20 juillet haut de page
 
Ce matin, il fait gris. Où donc est le beau temps d’hier ? Notre prochaine étape est Honfleur.  
 
Après une série de jolis ronds-points, arrivée au pied du pont de Normandie, le dernier pont sur la Seine. Mais aussi le plus cher ! 12 euros pour un camping-car ! Comme quoi franchir l’estuaire de la Seine se paie ! 
 
Mais auparavant, nous nous arrêtons sur le parking à l’entrée du pont pour prendre quelques photos et consulter les panneaux explicatifs sur cet édifice hors normes. 
 
Le choix de construire un pont à haubans était un véritable défi technologique. À la fin des années 80, le plus grand pont à haubans se situe au Canada et a une portée de 465 m. Avec ses 856m de portée centrale, le Pont de Normandie était lors de sa mise en service en 1995 le plus grand pont haubané du monde. Le pont de Tatara, au Japon lui a volé la vedette en 1998. 
Cette démesure était imposée par l’obligation de franchir l’estuaire de la Seine d’un seul trait à plus de 50 m de hauteur pour ne pas entraver la circulation fluviale. 
Le pont de Normandie est implanté à l’embouchure de la Seine dans une zone balayée par des vents pouvant aller jusqu’à 180km/h, sur un sol alluvionnaire dépourvu d’ancrages naturels. Des essais en soufflerie montrent que le pont résiste à des vents dépassant 300km/h. 
Le tablier de 2141,25 m de long et 22,60 de large est supporté par 184 haubans. Les deux pylônes mesurent 214 m de haut, un peu plus que la hauteur de la tour Montparnasse. 7 ans et 10 millions d’heures ont été nécessaires pour sa réalisation. 
 
A Honfleur, l'aire est immense. Elle est donnée pour 200 camping-cars mais j'ai l'impression qu'il y a bien plus de places. À l'entrée, nous sommes accueillis par une charmante dame qui nous indique les tarifs : 11 euros les 24h, tout compris. 
Nous tournons un peu pour choisir notre place et privilégions l'espace du fond du parking plutôt que les prises de courant et les points d'eau. 
 
Après un repas rapide, nous allons redécouvrir Honfleur, située à moins de 10 mn à pied de l'aire. J'aime ce genre d'endroits qui nous permettent de flâner dans les villages et de profiter des commerces. 
 
Nous avons visité Honfleur, il y a presque de 20 ans. Les seuls souvenirs que nous en avons encore, c'est l'église Ste-Catherine, le vieux port et Notre-Dame-des Grâces. Cette fois-ci, nous voulons prendre le temps de découvrir à fond la petite ville normande. 
A la fois port de pêche, de plaisance et de commerce, le centre se décline en 3 quartiers.  
 
Nous longeons tout d’abord le quai de la cale où sont amarrés les bateaux de croisière et les bateaux-promenade. L'avant-port est réservé à la flottille de pêche. Crevette grise et coquille St Jacques en constituent l’essentiel. 
 
Le sas-écluse a été refait à neuf en 2013 après avoir subi des dégâts lors de la tempête de 1999. L'ouvrage initial, en effet, n'était pas conçu pour résister à une houle supérieure à 50 cm. C’est le passage obligé des gros bateaux de commerce. Nous repérons le bateau pilote qui desservait l'estuaire de la Seine en son temps.  
 
Notre première étape est le quartier appelé l’enclos qui regroupe autour de son vieux port d’étroites maisons bigarrées, la lieutenance et l’église St-Etienne. C’est d’ailleurs là qu’un matin d’avril 1608, le navigateur Samuel de Champlain emmène le premier groupe de colons au Canada où trois mois plus tard, ils fondent la ville de Québec. 
 
Aménagé au XVIIème siècle sous l’impulsion de Colbert, le vieux bassin en occupe le centre. Ce bassin à flot remplace l’ancien havre d’échouage qui était beaucoup plus étroit. Ces travaux nécessitent la destruction de la partie occidentale des remparts dont il ne subsiste plus qu’une porte fortifiée, la lieutenance. Elle a d'abord servi de logis au lieutenant du roi puis au XVIIème siècle a abrité la salle du conseil municipal. 
 
Dans le bassin cliquette une forêt de mâts. Tout autour se pressent des maisons dont les façades en briques, bois, ardoises se mirent dans l’eau. C’est dans ce quartier qu’on trouve les greniers à sel du XVIIème siècle, autrefois entrepôts pour le sel de la gabelle et de la pêche et aujourd’hui lieux d’expositions et de concerts. 
 
Les touristes semblent être plus nombreux qu'à Étretat. Les terrasses sont bondées, colorées de toutes les nationalités. Il y a vraiment une ambiance de vacances ici. 
 
Sur l’autre quai s’élève l’église gothique St-Etienne qui abrite à présent le musée de la marine. 
 
Rendons nous maintenant dans le faubourg Ste-Catherine qui est l’ancien quartier des gens de la mer. Rayonnant à partir du bassin, des rues pittoresques longent de belles demeures anciennes. 
 
La petite rue des lingots nous mène à l’église Ste-Catherine datée de la seconde moitié du XVème siècle. Elle a été construite en bois par les maîtres de la hache, travaillant alors sur les chantiers navals tout proches, après le départ des Anglais. Disposant de peu de moyens, ils utilisent comme matière première le bois local et leurs connaissances en construction navale. C’est la plus grande église de France, construite en bois avec clocher séparé du restant de l’édifice du XVème siècle. Ce dernier, recouvert de bardeaux en châtaignier semblables à des écailles, repose sur la maison du sonneur. C’était par peur que le clocher n’attire la foudre que les habitants l’ont construit à part. 
 
En pénétrant dans l’église, je suis d’abord surprise par sa luminosité et sa taille mais aussi par sa double nef (1468-1496) dont la construction était devenue nécessaire à cause de l’essor démographique. Au début du XIXème siècle, l’intérieur de l’église a reçu un habillage en plâtre et le porche a adopté un style néo-classique à colonnes grecques. 
D’important travaux de restauration ont été entrepris en 1879 et ont consisté à ôter à nouveau le plâtre et à remplacer le porche. C’est ainsi que nous apparaît l’église à présent. On dit bien que faire et défaire, c’est aussi travailler ! Comme dans toutes les églises de bord de mer ... des maquettes de bateaux. 
 
En ressortant, mon regard est attiré par le toit de l'hôtel voisin. Vous y voyez quelque chose ? Ce sont bien deux chats qui se regardent. 
 
Il fait bon se promener dans le quartier Ste-Catherine; il y a moins de monde qu’au vieux-port. Les façades sont belles. Certaines boutiques affichent un petit air vieillot qui sied bien à l’endroit. C’est aussi l’occasion de compléter ma collection d’enseignes. Il y en a de très jolies. 
Nous revenons au camping-car pour le dîner et chose tout à fait inhabituelle, nous retournons en ville en soirée pour mieux sentir l'ambiance estivale d'autant plus qu'il fait doux. Il y a un marché nocturne et je pensais y trouver des produits locaux mais en fait il s'agit plus d'une foire. Nous nous contentons donc de flâner autour du vieux port. 
 
Sur un rond-point, une sculpture de J.M. de Pas intitulée les moulinières est un hommage à ces femmes qui pendant des années ont travaillé dur dans l'estuaire pour nourrir leur famille. Le groupe évoque les trois générations. 
 
Au retour, la grande roue est illuminée et fonctionne. Malgré le nombre de camping-cars, la nuit est très calme. 
 
 
                                                                                                                 Jeudi 21 juillet haut de page
 
Aujourd’hui, nous allons découvrir le faubourg St-Léonard qui se situe derrière l’office du tourisme. Il est dominé par un grand clocher octogonal datant de 1760 qui est celui de l’église du même nom. 
L’antique église St-Léonard existait déjà en 1186. Elle a été reconstruite après la guerre de 100 ans en style gothique puis détruite à nouveau pendant les guerres de religion en 1562. Sa façade et la première travée de sa nef datent de la reconstruction fin du XVème– début du XVIème siècle. Le restant est du XVIIème siècle. Le portail flamboyant est décoré dans sa partie supérieure d’instruments de musique. À l’entrée de véritables coquilles ont été rapportées par des marins honfleurais pour servir de bénitiers. 
 
À quelques pas de l’église, dans le jardin du tripot, un lavoir alimenté par la source Saint Léonard. Il s’agit du plus ancien lavoir de la ville, restauré en 1807. 
 
La promenade de la jetée permet d’accéder au jardin des personnalités. Ce site de 10ha paysagers propose une promenade à la découverte de bateaux-jardins au centre desquels se dressent les bustes des acteurs du patrimoine historique et culturel de Honfleur. Même si nous ne connaissons pas tous ces personnages, nous remarquons la finesse des portraits et la ressemblance avec leur propriétaire dont la photo figure sur chaque panneau explicatif. Il est l’heure de regagner le camping-car et nous terminerons notre visite un peu plus tard. 
 
Après le repas, nous décidons de monter à ND-de-la-Grâce. Le temps s’est bien assombri mais c’est tant mieux car ça grimpe ! A l’OT, on nous a conseillé d’emprunter la voiture mais une fois le camping-car posé, on n’a pas l’habitude de le bouger donc pour nous ce sera pedibus cum jambis  ! 2,5 km de montée.... 
La chapelle, dédiée à la Vierge Marie, a été construite au début du XVIIème siècle grâce aux deniers des marins et des bourgeois honfleurois pour remplacer l’ancienne chapelle fondée avant l’an 1023, par Richard II, et tombée suite à l'effondrement de la falaise. Le transept de gauche est consacré aux colons normands qui s'établirent au Canada. Le transept de droite est dédié à Ste-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus de Lisieux. De beaux vitraux, peintures, ex-voto, maquettes de bateaux ornent la chapelle. 
 
A côté de l’édifice, un joli carillon de plus de 20 cloches. Et un peu plus loin, un petit oratoire.  
 
Le tableau, « La Chapelle Notre-Dame-de-Grâce », de Claude Monet, a été vendu, en Chine, en 2015, pour 3 millions d'euros. 
 
La descente estmoins difficile pour le souffle qu’elle ne l’est pour les mollets. Nous passons à côté de la chapelle St-Firmin, dite chapelle de l'hôpital, qui sert maintenant de lieu d'exposition et de concert. 
 
Le phare de l’hôpital, haut de 25 m et allumé en 1857 ne fonctionne plus depuis 1908.  
 
Nous décidons de terminer la visite du jardin des personnalités afin de compléter ma collection. Je ne vous ai pas présenté les 19 bustes. Deux ou trois ont été volés et j'ai oublié de prendre en photos les autres.  
 
Dernière soirée à Honfleur mais cette fois-ci, nous en avons plein les pattes et il n’est pas question de repartir en balade après le dîner ! 
 
 
                                                                                                          Vendredi 22 juillet haut de page
 
Nous pensions trouver rapidement un endroit où nous garer à Pont-Audemer mais le passage dans la vieille ville est difficile, les rues sont étroites. Je téléphone à l’OT qui nous invite à passer après nous avoir indiqué où garer le camping-car. Accueil très sympa et remise de plein de documents ainsi que d’un plan de la ville. 
 
Le circuit débute sur la place du général de Gaulle, devant l’OT et nous mène au bord de la Risle avant de sillonner la ville. Balade agréable mais la ville manque néanmoins d’entretien. 
 
Pont-Audemer a été détruit à 40% pendant la dernière guerre ; néanmoins il subsiste encore de nombreuses maisons anciennes qui auraient mérité un ravalement depuis longtemps. 
Nous longeons le quai François Mitterrand où se dresse la médiathèque flambant-neuve, une construction moderne dont les délais de construction - les travaux ont débuté début 2012 pour ne s'achever qu’à l’automne 2015 - et le budget ont explosé.  
 
Pont-Audemer a été un ancien port maritime important avec une industrie florissante notamment dans le cuir et le papier. 
Dès le début du XVIème siècle, quelques bateaux à grand tirant d’eau remontent la Risle depuis l’estuaire de la Seine mais s’arrêtent avant les premiers faubourgs. En 1518, François 1er autorise la construction d’un port en ville. Grâce à d’énormes travaux, celui-ci commence à prendre forme mais la crue exceptionnelle de 1711 le détruit très largement et provoque des envasements qui bloquent la circulation. Il faut attendre le milieu du XIXème siècle pour qu’un nouveau port voie le jour. En 1898, 504 navires transportant 14 300T de marchandises entrent dans le port. C’est l'époque où les industries du papier et du cuir sont florissantes. 
Le déclin arrive vers les années 1960 avec le développement des transports routiers et en 1975, la dernière péniche quitte le port. 
 
Pont-Audemer est appelée la Venise normande. Ce surnom s'explique par les multiples canaux qui la traversent et dans lesquels se mirent les maisons à pans de bois et les anciens séchoirs des tanneries. Les maisons pouvaient avoir un accès direct à l'eau. Grâce à cette facilité, l'industrie de la tannerie a pu se développer. 
 
Nous nous perdons volontiers dans ce dédale de ruelles entrecoupées de petits ponts. Les maisons ont gardé leurs latrines au-dessus du cours d’eau.  
Par ailleurs, de nombreux bâtiments s'élèvent autour de cours intérieures dont certaines sont libres d'accès. 
Au XVIIIème siècle, certaines façades à colombages côté rue ont été remplacées par des façades en pierre, quelquefois richement décorées. Côté cour les matériaux sont plus disparates : briques, pierres, colombages. L’accès au 1er étage se fait par un escalier extérieur en colimaçon ou quelquefois par un escalier monumental.  
 
L'ancien lycée privé St Ouens sera transformé en une quarantaine de logements. 
Aura-t-il l’aspect de ces 44 logements sociaux dans les deux immeubles «les galets», oeuvre des architectes Bertrand Bonnier et Michel Guthmann ? Ce sont des galets de Cayeux qui ont été utilisés. Contraste saisissant avec les villas normandes environnantes. 
 
Nous arrivons à la place Victor Hugo, appelée à l'origine place du pilori. Elle a été totalement réaménagée en 2004. 
La route se déroule de chaque côté de la fontaine. L'architecture est résolument normande avec ses maisons à pans de bois des XVème et XVIème siècles.  
C’est sur cette place que se situe l’église St-Ouens directement collée aux maisons à moins que ce ne soit l’inverse. 
 
Nous aurions pu dormir en plein centre-ville mais vu la chaleur, nous préférons nous mettre au vert et nous prenons la direction de Qilleboeuf où il y a une aire au bord de la Seine. Pas de chance, les forains y sont installés ! 
 
A Vieux-Port, dans le marais Vernier, une vaste prairie le long de la Seine, nous accueille. Un seul camping-car … mais nous serons finalement 3 pour la nuit. 
 
À peine le moteur arrêté, nous partons visiter la petite église qui jouxte notre bivouac. 
 
Au Moyen-Âge, Vieux-Port s'appelait Tutus Portus, c'est à dire Port Sûr. Il fut donné à l'Abbaye de Jumièges par Guillaume Longue-Epée. 
 
L'église St-Michel a été reconstruite entre 1856 et 1867. Les murs sont en moellons crépis et briques sur assises de silex taillés. Mobilier simple du XIXème siècle. De nombreux vitraux l'éclairent.  
 
Nous poursuivrons la découverte de ce mini-village plein de charme demain mais ce soir, nous profitons de la beauté du coucher de soleil sur la Seine.  
 
Notre nuit calme et rafraîchissante est bercée par les ronronnements des péniches qui ont profité de la marée haute pour remonter ou redescendre le cours de la Seine. 
 
 
                                                                                                          Samedi 23 juillet haut de page
 
Il fait à nouveau un temps magnifique et chaud. Le voisin nous propose de nous rapporter du pain ce qui nous permet de rester sur place un jour de plus.  
 
Nous profitons de la matinée pour suivre un chemin qui nous mène sur les hauteurs du village. Jolie balade, en partie à l’ombre, qui laisse entrevoir une partie de boucle de la Seine où se niche Vieux-Port. 
 
Dans le village, nous prenons notre temps pour admirer les petites chaumières croquignolettes à pans de bois et toits de chaume …. une image de carte postale ! 
 
Ces maisons étaient à l'origine des maisons de paysans pauvres, recouvertes de chaume, c'est à dire de paille, blé ou seigle. Murs à ossature de bois remplie de torchis. Actuellement le roseau a remplacé la paille.  
 
« … les toits de chaume des bâtiments, au sommet desquels poussaient des iris aux feuilles pareilles à des sabres, fumaient un peu comme si l’humidité des écuries  
et des granges se fût envolée à travers la paille. » 
Guy de Maupassant, La Maison Tellier 
 
Mais pourquoi plante-t-on des iris sur les toits de chaume ? Pour deux raisons : ils absorbent l'humidité et leurs rhizomes assurent la fixation de l'extrémité des tiges de roseaux. 
 
A Vieux-Port, il y a moins d'une cinquantaine d'habitants et les maisons sont toutes occupées ce week-end. Ce sont des résidences secondaires ou à louer. 
 
Après-midi de farniente totale où nous voyons arriver pique-niqueurs et d’autres camping-cars. 
La marée, ici, est bien visible quand l’écume de mer remonte le fleuve. 
 
 
                                                                                                         Dimanche 24 juillet haut de page
 
Aujourd’hui, nous enfourchons nos vélos pour rejoindre Aizier en empruntant un sentier de randonnée longeant la Seine. Il aurait été trop dangereux de rouler sur la route. 
 
Village bien terne par rapport à Vieux-Port, Aizier est également un ancien port gallo-romain. On ne peut pas louper l'église St-Pierre (XII-XVème siècle) car son clocher, sur lequel pousse un arbre, se voit de loin. Nous n'avons aucune idée où se trouve la chapelle St-Thomas, but de notre promenade. Nous nous fions donc aux pancartes qui nous mènent sur une petite route …. raide ! Je termine les derniers mètres en poussant mon vélo.  
 
Nous découvrons les ruines de l’ancienne chapelle d’une léproserie du XIIème siècle que des fouilles archéologiques ont mise à jour. L’édifice dédié à Thomas Becket, archevêque de Canterbury, reste un lieu de pèlerinage où les amoureux viennent se recueillir et nouer des branches vertes de houx ou de noisetier. Si le lien tient, leur amour durera toujours. 
La chapelle St-Thomas, malgré son abandon au XVIIème siècle a résisté au temps et reste l’un des rares témoins de ce passé oublié. Pourtant ses dimensions sont modestes : une nef de 13,4 m sur 7 et un chœur de 6,8 m sur 6. 
Dans la nef de la chapelle, des tombes, dont certaines de lépreux, ont été retrouvées. De même, autour de la chapelle, les archéologues ont découvert de nombreuses sépultures. 
 
La chapelle fait partie d'un grand ensemble : la maladrerie St-Thomas-Becket. 
Le site a été fouillé durant 12 années, de 1998 à 2010 puis aménagé en 2015. 
Les bâtiments fondés par les moines de l'abbaye de Fécamp au XIIème siècle ont pour vocation d'accueillir des lépreux d'où leur situation éloignée du village. D'après les traces retrouvées, les malades n’étaient jamais très nombreux à la fois et il semblerait que la maladrerie ait été abandonnée au XVIème siècle.  
A part les fondations des différents bâtiments et le pignon de la chapelle, il ne reste plus rien.  
 
Le site privé mais ouvert au public, propose de remonter le fil de l’histoire et de se transporter à l’époque médiévale. Un parcours d’interprétation invite à découvrir l’histoire méconnue de ces lieux exceptionnels. 
 
La balade n’était pas longue mais nous rentrons fourbus … c’est une excuse pour rester une après-midi supplémentaire sur place. Il fait moins chaud qu’hier au soleil car l’air est rafraîchi par un petit vent. J’en profite pour travailler à la lorgnette et Gabriel regarde l’arrivée du tour de France. Bref ce sont les vacances ! 
 
 
                                                                                                         Lundi 25 juillet haut de page
 
Il fait gris aujourd’hui et nous reprenons le voyage en suivant la route des chaumières jusqu’à Routot. La Haute-Normandie compte près de 85% des surfaces françaises cultivées en lin. Il aurait fallu venir plus tôt pour voir la petite fleurette bleue onduler au vent. A présent, les champs sont prêts à être moissonnés et affichent une aussi belle couleur dorée que les blés. 
 
À la Haye-de-Routot nous attend une curiosité : deux ifs âgés d’environ 1500 ans qui abritent une chapelle chacun. 
Les cavités se sont créées naturellement et au XIXème siècle, elles sont devenues si grandes que le clergé les remarque et fait installer une chapelle dédiée à Ste-Anne dans le tronc le plus grand, 16 m de circonférence. Dans le second, qui ne mesure que …. 14 m, on établit un oratoire dédié à Notre-Dame de Lourdes. Le fait de planter des ifs dans les cimetières n’est pas un hasard : l’if symbolise l’immortalité. Mais il y a une raison plus terre à terre. Les villageois ne faisaient pas pâturer leurs bêtes dans les cimetières car le bois, l’écorce et les feuilles des ifs sont mortels pour le bétail. 
 
À côté, s'élève l'église paroissiale Notre-Dame dont la construction initiale remonte au XIIIème siècle. L'intérieur est orné de statues. Le porche qui précède l’entrée, en colombages avec soubassement de silex, est du XXème siècle. 
 
Un peu plus loin, nous découvrons un four à pain aménagé en musée depuis 1979. Construit au XVIIIème siècle, c’était l’une des boulangeries du village. Chaque dimanche pendant les périodes d’ouverture, on y cuit encore du pain. Dommage, on est lundi ! 
 
Nous en profitons pour déjeuner sur le parking du musée du sabot et la maison de l’ortie ouverts que les après-midi, même en pleine saison ! 
La chaumière qui les abrite est typiquement normande et date du XVIIème siècle. 
 
Après le repas et réflexion, nous faisons l’impasse sur les trois musées accessibles avec un seul billet. Seule la maison de l’ortie nous aurait vraiment intéressés. 
 
Arrêt à Hauville où nous attend un des plus anciens moulins de France et l'un des rares à avoir survécu des 111 moulins de l'Eure. 
Construit au XIIIème siècle, il a appartenu à l'abbaye de Jumièges jusqu'à la Révolution. Au XVIIIème siècle, on y a adjoint un four à pain et une maison pour le meunier. La restauration a débuté en 1984 et son mécanisme a été remis en fonction une année plus tard. La chaumière a été construite en 1992.  
 
Il est l’heure de se rendre à la maison du lin à Routot. Nous sommes dans la région qui produit 80% du lin français. 
La visite commence par deux vidéos : de la fleur au textile et le second, le lin, matériau composite. Suivent trois salles d’exposition : outils pour l’exploitation du lin, vêtements de créateurs. Les tissus à base de lin nous surprennent par leurs textures très différentes au toucher. 
Aujourd’hui 90% de la production européenne de la fibre de lin est transformée en textile (59% en habillement et 35% en linge de maison). 
La visite n’a rien de transcendant et je trouve qu’on appelle de plus en plus musée n’importe quoi. 
 
Nous décidons de poursuivre notre route jusqu’à Poses où se trouve le musée de la batellerie. Chou blanc : il n’est ouvert que le WE, même en saison estivale. Tant pis !  
 
Pas d’aire de service non plus comme nous indiqué sur notre carte. A l’Arche, l’aire de service est occupée par les forains. Je sens que le stationnement va être galère ce soir. Nous entrons en Seine Maritime … je croyais que la Seine séparait les deux départements ! 
 
Nous nous arrêtons à St Pierre-Les-Elbeuf sur une petite aire. Nuit calme. 
 
 
                                                                                                       Mardi 26 juillet haut de page
 
Matinée courses …. Alors que nous arpentons les rayons du magasin, un monsieur nous interpelle et nous annonce qu’un nouvel attentat a lieu à moins de 10km de là, à St-Etienne-du-Rouvray. Depuis que nous sommes en vacances, c’est déjà le second… Et moi qui croyais que nous serions à l’abri en Normandie ! 
 
Après le repas, pris tardivement, nous reprenons notre circuit. Ce sera Monfort-sur-Risle. Mais les ruines du château que nous voulions visiter ne sont pas accessibles en camping-car et nous nous n’avons pas envie de marcher. Nous poursuivons donc notre chemin jusqu’à St Philbert-sur-Risle où un joli prieuré et son jardin nous permettent de nous dégourdir un peu les jambes. Dommage que depuis ce matin, il fait gris.  
Pour mon plus grand plaisir, j’y découvre un colombier carré à colombage et un four à pain attenant joliment rénovés. L’ancien manoir a été construit au XVIIème siècle. L'église St-Philbert du XIIIème siècle est malheureusement fermée. 
 
Nous poursuivons vers St Pierre des ifs où nous savons que nous trouverons un autre if qui abrite une chapelle. Elle est moins spectaculaire que la chapelle Ste-Anne qui restera à nos yeux la plus curieuse. Sur la route rejoignant Campigny, nous assistons à l’arrachage des tiges de lin. Le lin n’est pas coupé mais arraché pour préserver sa longue tige. Les tiges vont rester posées dans le champ entre 20 et 90 jours, le temps qu’elles pourrissent. Entre temps, le paysan les aura retournées et éventuellement arrosées s’il fait trop sec. Le pourrissement permet de séparer ce qui tient les fibres à la paille. C’est ce qu’on appelle le rouissage. 
 
A Campigny, les camping-cars sont accueillis dans la cour de l’ancien presbytère. Stationnement original mais très agréable. Les services sont gratuits mais rien n’empêche les utilisateurs de faire un don pour l’utilisation de l’eau.  
Petit tour dans le village où le seul commerce, un bar-tabac-dépôt de pain est en congés ! L’église Notre-Dame est naturellement fermée. 
Nuit calme. 
 
 
                                                                                                        Mercredi 27 juillet haut de page
 
Il fait gris mais il ne pleut pas. Nous prenons la direction de Cormeilles avec l’objectif de visiter une distillerie. Nous sommes toujours dans l’Eure et nous venons d’aborder le pays d’Auge. Nous y trouvons une aire de service toute neuve, inaugurée au printemps. Elle est à un jet de pierre du centre village. 
 
Avant tout, petite promenade jusqu’à l’OT pour récupérer un plan de Cormeilles, ville bien plus importante à l’époque gallo-romaine car traversée par la voie reliant Lisieux à Lillebonne. Il est possible de la visiter grâce à un circuit mis en place par l’OT. Ce sera pour cette après-midi. Auparavant quelques petites courses et notre dessert de midi : des macarons à l’ancienne, spécialité du pâtissier Dufay. Pas extraordinaires ! 
 
Après le repas, nous partons pour la distillerie. C’est notre jour de chance puisqu’une visite est sur le point de démarrer.  
 
Créée en 1820, Busnel est la première grande maison de Calvados de Cormeilles. La visite débute par une petite exposition et se termine par une dégustation. Entre, nous allons voir les chais abritant des fûts en chêne. 
 
En France, poussent 17 millions de pommiers à cidre dont 10 millions en Normandie. Les Ets Busnel reçoivent 10 à 15000 tonnes de pommes par an entre octobre et décembre. Les pommes sont d’abord collectées en silos extérieurs, puis on procède à un contrôle sanitaire sur leur qualité. Celles-ci continuent à mûrir sur l’aire de stockage puis elles sont acheminées par voie d’eau vers la salle de brassage. Elles sont rincées à l’eau de source dans une laveuse avant broyage. Le jus recueilli est placé dans des cuves où il restera de 3 à 6 mois et fermentera sous l’effet des levures. Le moût est utilisé essentiellement dans l’industrie du cosmétique. Le cidre titrant environ 6% n’est pas commercialisé en tant que tel mais il va servir à la distillation du calvados. Deux méthodes : l’alambic à colonnes pour l’AOC Calvados et l’alambic à repasse comme pour le cognac pour l’AOC Calvados Pays d’Auge. À la sortie de l’alambic, le calvados titre 70°. Il va être mis maintenant en fût durant au moins 2 ans. 
 
Nous terminons la visite autour d’une dégustation … enfin pas pour moi ! Mais je prends plaisir à photographier les verres. 
 
Une petite mésaventure nous fait repartir les mains vides. Nous aurions aimé nous faire livrer quelques bouteilles de calvados directement à la maison pour ne pas surcharger le camping-car mais lorsque nous indiquons que nous habitons en Alsace, on nous répond que la maison ne livre pas à l’étranger. Ne vous méprenez pas ; ce n’est pas une plaisanterie mais bien la question d’une vendeuse qui a l’air de connaître parfaitement sa géographie ! Naturellement d’achat, il n’est plus question ! 
 
La visite de Cormeille va faire du bien à certains qui ont été obligés de boire double… 
 
Nous flânons dans le village aux jolies maisons à colombages dont certaines datent du XVème siècle. Les façades sont souvent ornées de statuettes sculptées. Le quartier traversé par la Touques est particulièrement charmant.  
 
L’église Ste-Croix a une construction curieuse, un seul bas-côté qui la rend boiteuse et une nef accusant une pente de 9%…. L’orgue et l’autel majeur sont au même niveau ! Le curé ne peut pas abuser du vin de messe ! 
 
Notre découverte s’arrête lorsque nous sentons les premières gouttes. Nous avons juste le temps d’arriver au camping-car.  
 
 
                                                                                                         Jeudi 28 juillet haut de page
 
Il a plu cette nuit et le temps est gris. C’est dommage pour le programme de la journée. 
 
Nous prenons la direction de Beuvron-en-Auge, entre Lisieux et Caen, au cœur du pays d’Auge. Traversée de forêts entrecoupées d’enclos où paissent les vaches normandes et les chevaux. Çà et là se devinent des demeures cossues. 
Une aire de stationnement à côté de l’ancienne gare accueille les camping-cars. Les services sont situés vers la mairie et sont compris dans le prix de la nuitée. Le ticket est à chercher au bar-tabac. 
 
Sitôt le déjeuner avalé, nous partons à la découverte de cette petite ville classée plus Beau Village de France et traversée par une unique route, le long de laquelle s’élèvent des maisons typiques, pour les plus anciennes à colombages ou à galandage. 
 
Un vieux manoir du XVème siècle, remarquable par la variété de ses pans de bois, ses poutres sculptées et son premier étage à encorbellement nécessite quelques travaux de toiture. 
 
La halle détruite deux fois, en 1845 et 1959, a été reconstruite en 1975 avec d’authentiques matériaux de récupération. 
 
La soirée s’achève une fois encore avec la pluie. 
 
                                                                                                           Vendredi 29 juillet haut de page
 
Au réveil, la journée s’annonce bien pluvieuse et c’est dommage puisque nous avons prévu de visiter le château de Crèvecoeur. Nous y sommes dès l’ouverture et nous n’en ressortirons qu’après 18h ! Longue mais intéressante journée ! Et finalement une journée plutôt agréable et même ensoleillée lorsqu’arrive le soir ! 
 
Du château, il ne reste plus grand-chose. Il a donc fallu trouver une autre raison pour faire venir le public. Nous arrivons à la fin d’une période d’animation bien rodée qui reconstitue l’année 1446 lorsque le seigneur est revenu dans son château après que ce dernier ait été incendié par les Anglais. 
 
Entouré de douves, il garde son plan d’origine en deux parties : la basse-cour regroupant les bâtiments agricoles à pans de bois des XVème et XVIème siècles, la ferme, le colombier, la grange et la chapelle du XIIème siècle. 
Dans la haute-cour, un mélange d’époques : le logis d’habitation du XVème siècle est protégé par une muraille du XIIème. 
Divers ateliers permettent de se familiariser avec la vie au Moyen Age.  
Dans la ferme, la cuisine médiévale, un atelier de fabrication et de démonstration d’instruments de musique, l’atelier de la couturière, la dame copiste. 
Dans la basse-cour des contes musicaux racontent l’histoire du château, des spectacles musicaux, des jeux anciens à la disposition de tous. Dans la haute-cour, des démonstrations d’armes de guerre, des jeux anciens. Le clou de la journée, c’est sans conteste, la visite du castel avec Dame Jeanne de Thibouville, à la langue bien pendue. 
 
Nous passons la nuit chez un accueillant France-Passion. Exploitant agricole, il fabrique aussi de la glace artisanale. Devinez ce qu’il y a au dessert ? 
Endroit sans grand charme mais la nuit est reposante. 
 
 
                                                                                                        Samedi 30 juillet haut de page
 
Réveil sonore ! Les vaches sont déjà en pleine forme et le tracteur en marche… 
 
Comme il nous semble difficile de nous garer au Bec Hellouin, nous ne traînons pas trop. 
 
Bonne surprise : au Bec Hellouin, aucun problème pour se garer ! 
Nous démarrons par la visite des extérieurs de l’abbaye dont l’entrée est libre mais nous arrivons trop tard pour la visite guidée, il faudrait attendre 15h pour la suivante. 
 
L’abbaye a été fondée en 1034 par Herluin, suivi par deux compagnons, Lanfranc et Anselme, tous les deux philosophes et théologiens qui transforment la petite fondation en école monastique. 
Le monastère garde son aspect premier jusqu’à la Révolution où les moines sont chassés, les bibliothèques vandalisées. 
Après cette période sombre et jusqu’au retour d’une communauté de bénédictins olivétains en 1948, le site est occupé par l’armée et sa cavalerie. Les moines olivétains appelés aussi Bénédictins blancs portent une coule blanche à capuchon comme les Cisterciens. 
Les moines continuent à reconstituer leur bibliothèque vandalisée ; plus de 100 000 volumes que la communauté informatise. 
 
De l’abbaye originelle quelques pierres au sol, des traces sur les murs de l’abbaye actuelle et la tour St-Nicolas du XVème siècle dont l’aspect nous a intrigué de loin. Cette tour de style anglo-normand mesure 45 m de haut.  
 
Il est temps à présent de visiter le village mais auparavant, nous récupérons des documents à l’OT. Dommage que le temps soit si gris ! Normal c’est le WE !!! 
 
Le village est tout petit mais il nous réserve quelques belles surprises avec ses alignements de maisons colorées, à colombages, couvertes d’ardoises. Son histoire est indissociable de celle de l’abbaye.  
 
Nous sommes sur la place Guillaume le Conquérant. C’était le cœur économique du village et jusqu’à la seconde guerre mondiale, on y comptait jusqu’à 16 cafés… Il devait y faire soif ! 
 
Après le déjeuner, l’étape suivante est Harcourt et son château médiéval élevé du XIIème au XIVème siècle pour servir de défense. Au XIIème siècle, Robert II d’Harcourt remplace la motte castrale en terre par un château en pierre. Il s’agrandit d’un donjon puis deux siècles plus tard, se renforce de cinq tours semi-circulaires percées d’archères et de créneaux. En 1694, la comtesse F. de Branca l’arrange en demeure de campagne et l’enjolive de grandes fenêtres et de parquets. 
En 1862, l’édifice est classé aux Monuments historiques. 
 
On accède à la basse-cour en franchissant un joli châtelet. La muraille le protégeant est en piteux état et seules deux tours sur les 6 sont encore debout. La demeure se visite mais c’est une coque vide ! Des panneaux explicatifs meublent les pièces. 
 
Selon les prospectus, l’intérêt du château réside dans l’arboretum qui l’entoure, composé de plus de 500 essences différentes dont certaines prestigieuses. C’est en 1802 que Louis Gervais Delamarre initie cette collection. Malheureusement, la pluie s’invite et clôt notre visite.  
 
Après être passés à Beaumont St Roger pour les services, nous nous posons à la Godinière, accueillant FP. Bivouac de choix en bordure d’une pommeraie….  
 
 
                                                                                                        Dimanche 31 juillet haut de page
 
Ce matin, il fait un magnifique soleil. La journée s’annonce bien ! Nous nous rendons à la Ferrière où se tient le marché.  
 
Le village est mignon mais la belle halle est malheureusement encombrée par les bancs. Avant de remplir notre panier, nous visitons l’église du XIIIème siècle. Un retable attire notre attention. Il est de l’école de Léonard de Vinci. 
 
Alors que nous allions repartir, nous croisons notre accueillante FP, qui au travers de petites ruelles, nous présente la face cachée du village. Nous découvrons, pour notre plus grand plaisir, de belles maisons s’étirant le long de la Risle, traversée de petits ponts croquignolets. Sans elle, nous serions passés à côté de ces petits joyaux. 
 
Après le déjeuner, nous enfourchons nos vélos pour la visite du château de Beaumesnil, à moins de 2 km !  
 
Surnommé le Versailles normand, le château nous apparaît, sitôt l’accueil dépassé, comme une vraie féerie. Gros coup de cœur pour cet édifice qui s’étend au milieu d’un parc de 4 ha arboré d’une part à la française avec un miroir d’eau et un jardin à l’anglaise romantique. A la droite du château, un étrange monticule, un îlot de verdure au milieu des douves qui n’est que l’ancienne motte castrale transformée en labyrinthe au XVIIIème siècle par la comtesse de Graville en souvenir de Jacques de Nohan, bâtisseur du château actuel. 
La construction du château féodal date de 1250. En 1604, Jacques de Nohan acquiert la forteresse et de 1633 à 1640, la transforme en un château de plaisance tel que nous le connaissons aujourd’hui. 
En 1928, le grand Duc Dimitri Pavlovitch se réfugie à Beaumesnil, après avoir fomenté l’assassinat de Raspoutine. Le château constitue l’ultime cadeau de son épouse, la princesse Romanooska, avant leur séparation. 
En 1939 Jean et Eugénie de Fürstenberg, collectionneurs et banquiers, recherchés par la Gestapo rachètent le château. Ils font des travaux dans le jardin, complètent l’ameublement et constituent l’étonnante collection de livres exposés au musée. Sans enfant, ils créent en 1964 la fondation Fürstenberg pour pérenniser leur patrimoine. À leur décès en 1992, c’est leur collaborateur qui poursuit leur œuvre. À présent, c’est une société « Tous au château » qui gère le domaine. 
 
Un pont dormant encadré par des lions nous permet de franchir les douves et nous mène au château. 
 
La façade qui s’élève devant nous est de toute beauté et affiche une unité autour du chiffre 3.  
Trois parties : le corps central en ressaut qui abrite l’escalier qui dessert l’étage noble, de chaque côté les appartements. De même cette trilogie est respectée de bas en haut puisque on distingue un soubassement de couleur ocre, surmontée d’une façade rose coupée par des rangées de pierres et couvert par des toits à la française. La façade, percée de 23 fenêtres est richement décorée, dans un style Louis XIII : mascarons, visages sculptés. On sent l’influence de la Renaissance italienne. Nous observons attentivement les sculptures et découvrons les D entrelacés des nom et prénom de l’épouse de Jacques de Nohan. 
 
Par l’escalier monumental, nous accédons au grand salon Louis XIV dont les boiseries sont ornées des allégories de la musique, peinture, géographie et sciences. Les fauteuils style Louis XV ont le dossier plat et des pieds de biche. Il faut aimer ! 
En pénétrant dans la bibliothèque, nous sommes frappés par le dallage rouge et noir, aux armes des Montmorency, des lions rampants, des aigles sans serres ni bec et la croix des croisés. La grande cheminée porte le portrait de Marie de Médicis. Les meubles datent des XVIème et XVIIème siècles. 
 
Par la galerie qui surplombe la bibliothèque, nous accédons au second étage et entrons dans le petit musée de la reliure où l’on trouve des livres ayant appartenu à des gens célèbres comme Marie-Antoinette, Richelieu, Louis XIV.  
 
Nous poursuivons par une petite pièce où sont exposées trois tables d’époque différentes : la table de Louis XIII, celle de Louis XVI et celle de l’empire. Selon les époques, on ne dressait pas la table de la même façon. 
 
La salle à manger est une pièce étroite occupée presque totalement par la grande table. Le décor est un décor typiquement du XIXème siècle, début du XXème sauf le plafond baroque. C’est ici qu’aurait eu lieu la rencontre entre le duc et Coco Chanel qui fut sa maîtresse. À l’un des bouts, se dresse la statue de Cérès du XVIIIème accompagnée par un Amour portant une gerbe de blé. 
 
Nous passons à présent dans le salon de Madame où seul un buste en marbre de Carrare, signé Max Klein (1890), est à remarquer. Rien de spécial à voir non plus dans sa chambre.  
 
Il est temps de profiter du soleil pour découvrir les jardins entraperçus à travers les fenêtres. Le jardin s’étale au-delà des douves vers le miroir d’eau et plus loin encore. Nous décidons de faire le parcours des expressions gourmandes : 19 panneaux à rechercher. Chaque panneau explique une expression en lien avec la nourriture et donne une lettre. Il s’agit à la fin de composer avec ces lettres une nouvelle expression … Nous n’avons pas beaucoup de temps avant la démonstration de fabrication de caramels qui a lieu dans les cuisines et c’est donc au pas de course que nous allons glaner nos lettres !  
 
C’est l’odeur du sucre chaud qui nous mène jusqu'aux cuisines situées au rez-de-chaussée. Le sucre fond déjà dans le chaudron lorsque nous arrivons. L’animatrice en profite pour nous montrer les ustensiles qu’elle utilise et nous donne la recette des caramels qui seront vendus à la boutique. Ils sont délicieux bien qu’un tantinet trop sucrés ! Dans la cuisine aussi une curiosité : le puits de l'ancien château qui montre que le château s’est construit autour ainsi qu’un moule à sorbet. 
 
En ressortant de l’édifice, nous admirons le jardin des 4 saisons, réaménagé au XIXème siècle et qui portait à l’origine le nom de jardin de Madame ou jardin de la Duchesse. Les Fürstenberg lui donnent l’aspect actuel en transformant le jardin à l'anglaise en jardin à la française par souci d’harmonisation avec le château et ils gomment du coup tout romantisme. 
 
Nous découvrons également la glacière qui permettait de conserver la glace toute l'année. Rappelez-vous le moule à sorbet… C’est d’ici que provenait la glace. 
 
Avant de quitter le château, nous allons retirer notre lot pour avoir trouvé l'expression gourmande ! Des caramels ! 
 
 
                                                                                                            Lundi 1er Août haut de page
 
Nous lézardons jusqu'au déjeuner avant de quitter nos hôtes. Nous nous arrêtons à Conche-sur-Ouche où une petite promenade à travers le village nous permet de nous dégourdir les jambes. Petite ville sans prétention mais le donjon a néanmoins fière allure. 
 
Verneuil-sur-Avre sera notre dernière étape dans l’Eure. Nous sommes en effet aux portes de l’Orme. Nous nous installons sur la petite aire de service derrière la salle des fêtes. Les commentaires sur le net n’étaient guère élogieux mais elle a le mérite d’exister. La place est en effet un peu courte mais en faisant passer l’arrière du camping-car par-dessus la pelouse, c’est possible.  
 
La ville est tout à côté et nous passons tout de suite à l’OT, place de la Madeleine pour récupérer un plan de visite qui nous propose deux circuits : celui des fossés et le parcours historique. Nous commençons par le second. La ville a été fondée en 1120 par Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie, roi d’Angleterre, fils de Guillaume le Conquérant. Cette place forte était destinée à défendre la frontière normande et était protégée par des remparts doublées de fossés en eau qui entourent encore de nos jours le centre historique. A l’intérieur, trois bourgs fortifiés, séparés par des murailles et arrosés par des canaux pour résister davantage à l’attaque des Français.  
 
Nous débutons le circuit par la visite de l’église Ste-Madeleine. De l’église primitive bâtie au XIIème siècle, il ne reste plus grand-chose car l’édifice a été sans cesse embelli mais ce qui nous étonne, c’est le haut clocher accolé de style gothique flamboyant. Nous l’avons repéré dès notre arrivée. Il se visite mais ce soir, il est trop tard ! La tour de la Madeleine, haute de 56 m, a été érigée de 1465 à 1526 et se termine par deux couronnes imbriquées. Malheureusement la luminosité ne permet pas de photographier la trentaine de statues qui l'ornent.  
De nombreux hôtels particuliers ponctuent le circuit. Sur chaque lieu à observer est apposée une plaque explicative. J’aime connaître l’histoire d’un lieu et en photographiant les panneaux, c’est plus facile pour faire les comptes-rendus.  
Les unes en briques et pierre calcaire, avec des balcons en fer forgé, les autres à pans de bois et torchis, ornées de tourelles et damiers, les façades témoignent de l’évolution architecturale de la ville entre les XIIème et XVIème siècles et de la richesse de ses bourgeois, marchands et artisans.  
Malgré le nom, ce n’est pas l’Avre qui coule à Verneuil mais l’Iton. On doit cette curiosité à Henri 1er de Beauclerc qui fit détourner l’Iton lors de la construction de la ville de manière à l’alimenter en eau.  
A partir du lavoir, nous empruntons le circuit des fossés afin de couper au plus court car malheureusement, il commence à faire tard et il faut encore retourner au camping-car. 
Nous passons une nuit calme. 
 
                                                                                                      Mardi 2 Août haut de page
 
A partir d’aujourd’hui s’amorce le retour sur Astaffort. Il fait gris. Nous nous arrêtons à Alençon pour remplir le frigo. 
 
Les kilomètres défilent et à Ste-Maure-en-Touraine, nous nous arrêtons sur une aire privée. Soirée calme. 
 
 
                                                                                                     Mercredi 3 Août haut de page
 
Ce matin, nous reprenons la route sans tarder car il nous reste encore à peu-près 400 km à avaler ! 
 
Pour le déjeuner de midi, arrêt à Villebois-Lavalette pour acheter des Cornuelles. Malheureusement, les deux boulangeries sont fermées jusqu’à 16h! Ah la fameuse sieste du sud-ouest ! Heureusement qu’il y a SU ! 
 
Il ne nous reste plus qu’à reprendre la route pour une dernière étape. Nos vacances sont terminées pour huit jours ! 
 
 
Texte rédigé avec les informations glanées sur le net et les documents en ma possession.