Entre Lot et Dordogne
Figeac 
(étape n°8)
Après le repas, nous mettons le cap sur Figeac dont je garde un excellent souvenir. 
 
Depuis notre précédent passage, une aire digne de ce nom (même si elle est sur un parking goudronné) a été créée à côté du stade de rugby (PK = 3€ de mars à septembre, services = 2€). Une quinzaine de places sont réservées aux CC en bordure d’un grand parking à voitures, un peu en pente.
Une fois Cigalon calé, nous dégringolons les escaliers et ruelles pavées jusqu’à l’OT, place Vival. Je veux y récupérer un circuit pour la visite de la ville ainsi que pour les villages avoisinants. Plus facile quand même d’utiliser un guide papier que le téléphone ! 
 
Figeac fait figure de grande ville. Celle qui dans les années 40 était un gros bourg agricole insalubre, s’est développée tout d’abord par l’installation en zone libre de l’industriel Ratier (hélices d’avion, motos puis composants électroniques pour Airbus). Ensuite, elle a bénéficié d’une restauration exemplaire du patrimoine bâti.
La ville est devenue un magnifique catalogue d'architecture civile médiévale du XIIème au XVème siècle. Figeac touche à l'Auvergne et ici la couleur des murs changent par rapport au restant du département : aux rez-de-chaussée, grès sombre du Ségala, aux étages, jeu de briquettes roses au sein de colombages. Les arcades en ogive dont chacune abritait jadis une boutique se succèdent au fil des rues. Sous les toits, des galeries appelées ici des soleilhos ouvrent les maisons à la lumière et à l'air.
La ville est très calme comme toutes celles que nous avons visitées jusqu’à présent et de surcroît un lundi. 
 
Nous arrivons après quelques détours à l’OT où un accueil très sympathique nous est réservé. On sent bien que le touriste est le bienvenu.  
Nous y récupérons tous les documents nécessaires pour nos futures visites.(0,30€ pour le plan de Figeac, les autres sont gratuits) 
Le circuit, détaillé en 30 points, débute ici. Des panneaux explicatifs sont apposés sur les maisons remarquables et les directions sont fléchées. C‘est pratique et efficace.  
 
Cette après-midi, le ciel est un peu plus voilé qu’hier et je jongle entre soleil et ombres, m’essaie aux différents réglages de l’APN pour rendre la vraie luminosité. Pas évident ! 
 
L’OT occupe la maison médiévale dite de la Monnaie.
Cette ancienne demeure de riches marchands avait été présentée par erreur au XIXème siècle comme un atelier de frappe de monnaie. Elle présente au rez-de-chaussée de larges baies qui ouvraient sur la boutique alors qu'au 1er étage, les baies géminées, ornées de feuillages et de fleurs laissaient pénétrer la lumière dans l'habitation. Ce décor végétal illustre le passage du style roman au style gothique dans l'habitat médiéval.
Nous arrivons au palais Balène qui est la plus vaste demeure médiévale de Figeac. Construite à la veille de la Guerre de 100 ans, elle était la résidence d'une famille proche du pouvoir royal. Ce palais urbain était organisé autour d'une cour intérieure. A l'étage, vastes fenêtres gothiques. Le portail principal du palais ressemble à un portail d'église.
Juste à côté, dans la même rue, une boutique de vêtements occupe un édifice qui possède lui aussi un portail remarquable.
Il s'agit de l'hôtel Viguier d'Auglanat mais malheureusement la plupart des décorations ont été martelées au fil des siècles. On distingue néanmoins encore des feuilles de chêne, du lierre et la tête d'un petit chien.
Un peu plus loin, l'abbatiale St-Sauveur, vestige de l’abbaye bénédictine qui au IXème siècle a donné naissance à la cité. L'édifice actuel a été construit entre le XIème et le XIVème siècle et mêle les styles roman et gothique.
Suite aux guerres de Religion, l'abbaye est très endommagée. Les restaurations sont longues par manque de moyens. En 1823, le porche d'entrée est détruit par l'architecte Malo. On garde des chapiteaux qu'on transforme en bénitiers.
Le plan de St-Sauveur est celui d'une église romane de pèlerinage avec son déambulatoire permettant de circuler dans tout l'édifice, de voir et de prier devant les reliques de différents saints.  
 
La nef romane (XIème-XIIème siècles), mesure 7 mètres de large, soixante deux mètres de long, vingt et mètres de haut et comporte 7 travées. Le transept et le chœur sont gothiques (XIIIème siècle), tout comme les chapelles latérales (XIVème siècle).
le choeur
retables des chapelles
Le vitrail de la chapelle centrale évoque les travaux des champs avec saint Fiacre, patron des jardiniers.
chapelle Ste-Lucie
chapelle Ste-Germaine de Pibrac
Et des statues...
Jean-Baptiste baptisant Jésus.
St-Michel terrassant le démon
N-D des Victoires
St-Gorgon et St ? sur de jolis socles. 

Panneau de bois polychrome de la fin du XVIIème siècle représentant le songe de St-Martin.
chaire
L'ensemble des vitraux de l'église a été posé en 1872 par l'atelier Villiet de Bordeaux. Entre le bras du transept nord et le chœur, les arts : théologie, musique, architecture et histoire, personnifiés par des moines.
rosace
Certains vitraux sont des dons de villages ou de particuliers.
saintes, saints et pères de l’Église avançant en procession vers le chœur.
Mais la partie la plus belle, c’est résolument la salle capitulaire installée dans le prolongement du transept sud. Elle abrite la chapelle Notre-Dame-de-Pitié (vers 1250) qui a servi pour les célébrations durant la longue période de travaux des XVIIème et XVIIIème siècles ce qui explique les décors exceptionnels. 
 
Quatre courtes colonnes rythment les neuf travées de la chapelle. Remarquable par ses proportions, elle ne l’est pas moins par son décor de bois sculpté et peint, œuvre des Delclaux, famille de sculpteurs figeacois, représentant la Passion du Christ et de la Vierge.
Au centre, la Vierge de Pitié, fut probablement sculptée par Jean Launet.
De chaque côté, deux grands panneaux peints et dorés représentent la Descente de croix et la Mise au tombeau. Le registre inférieur est orné, à gauche, de la Vierge des sept douleurs, dont le corps est transpercé par sept glaives et à droite, de l'Enfant Jésus endormi sur la croix, entouré des instruments de la Passion, iconographie peu commune.
sur le devant d'autel, la Cène
Le mur est de la chapelle est orné de dix petits panneaux, en bas-reliefs polychromes consacrés également à la Passion du Christ, dans un style un peu plus naïf.
Les vitraux installés en 1883 par Henri Feur illustrent quelques scènes de la vie de la Vierge
Présentation de Jésus au Temple. Fuite en Égypte, Vierge aux Sept Douleurs,
Sainte Anne enseignant à la Vierge, Présentation de la Vierge au Temple, Annonciation,
Descente de la Croix
Il est temps de poursuivre notre balade. Dans la rue Bert, une maison typique figeacoise.
Rue Bert
La plupart des maisons de Figeac ont été transformées au fil des siècles et rassemblent des éléments d’époques différentes mais dans le quartier de l’ancien canal, des maisons conservent encore des pans de bois, des étages à encorbellement sur un rez-de-chaussée en pierre datant du MA.
En revenant vers le centre, beaux exemples aussi de l'évolution urbaine avec ces arches modifiées au fil du temps.
L’hôtel Mercure Viguier du Roy occupe une maison du XIIIème siècle. Belle intégration et superbe façade médiévale, sculptée d’un décor foisonnant mêlant animaux, visages humains et formes végétales. 

Nous avons bien tourné en rond et nos pas nous ramènent sur la place Carnot et sa halle où les décorations d’octobre rose rivalisent avec celles de Noël passé.
La place Carnot regroupe depuis le M. A., avec la place Champollion toute la vie active et commerciale de Figeac.
A l’angle de la place, une maison du XVIIème siècle avec tourelle d'angle et galerie à colonnes formant grenier ayant appartenu à Sisteron, fameux armurier du temps de Louis XIV.
Nous arrivons place des Ecritures, une très belle place intimiste consacrée à Champollion avec une grande dalle à degrés, reproduction de la pierre de Rosette, conçue à l'arrière du musée par l'artiste américain Joseph Kosuth pour le bicentenaire de la naissance du déchiffreur (1990). Elle m’avait tant plu lors de notre première visite qu'il fallait absolument qu'on y retourne. C'est chose faite !
Le musée, installé dans sa maison natale permet de découvrir "Les Écritures du Monde". Nous ne le visiterons pas aujourd'hui, les chiens ne sont pas admis, même dans le sac. Enfin si l’on peut imaginer Noa dans un sac !!
A l’arrière du musée, l’hôtel de ville occupe l’hôtel de Colomb, du XVIIème siècle.
Des façades remarquables entourent la Place Champollion.
La maison du griffon est la plus ancienne de maison de Figeac mais elle a été fortement remaniée. Construite vers 1175, elle présente les caractéristiques du style roman. Elle possède à l’étage des vestiges de fenêtres sculptées et sur un chapiteau un petit griffon qui lui a donné son nom. Elle était couronnée par un étage à pans de bois en surplomb sur la place. Les pierres sculptées en saillie sur la façade soutenait cet étage disparu.
Une autre façade, gothique celle-là du XIVème, attire notre œil. Cette maison révèle la richesse et les goûts de luxe des grandes familles de marchands figeacois à la veille de la Guerre de 100 ans.
Plus loin, la Tour du Viguier. Au XIVème siècle, le viguier était le représentant du roi dans la cité. Il rendait la justice.
De nombreuses belles portes.
Néanmoins peu d'enseignes
Notre circuit se termine aujourd’hui par l’église N.D. du Puy qui surplombe la ville. Il reste encore 8 points à voir que nous suivrons demain après la visite du musée Champollion.
On pénètre dans l’édifice par un portail en arc brisé, sans tympan, dont les multiples voussures retombent sur de minces colonnettes surmontées de chapiteaux à feuillages. Une rosace composée d'un cercle polylobé éclaire les parties hautes.
L'archivolte est garnie de feuillages et d'animaux fantastiques.
Étrange évolution de cette église dont la construction débute entre 1270 et 1280. 
Une nef à cinq travées flanquée de deux collatéraux voûtés d'ogive, un chœur entouré de 2 absidioles couvertes en cul-de-four, un clocher central. 
Au XIVème, des chapelles funéraires ont été rajoutées dans les collatéraux.  
Lorsque les protestants prennent Figeac en 1576, le clocher devient donjon tandis que le mur sud est converti en courtine et que le portail devient l'entrée de la citadelle.
L’église a été reconstruite par les catholiques au XVIIème siècle et le plan intérieur a été modifié selon les exigences de la Réforme catholique.
Dans le chœur, le plus grand retable du Lot en bois de noyer du XVIIème siècle consacré à la Vierge. Il représente l'Assomption et a été exécuté par un peintre figeacois, Lofficial, en 1683. La Vierge est portée par des anges et encadrée par des statues de moines qui ont remplacé, après la Révolution, celles de St-Pierre et St-Paul, pères de l’Église.
Dans la première absidiole, un autel consacré à Saint-Jacques bien plus coloré que le grand retable indique que l’église servait de siège à la confrérie St-Jacques.
L’autre absidiole est occupée par un autel du XVIIIème siècle, dédié à Saint Jérôme.
L'église possède d’autres autels.
Fonts Baptismaux du XVIIème siècle
Vers 1860 a été installé un orgue construit par le facteur d’orgues parisien Stolz sur une tribune dans la première travée de la nef.
Du parvis, la vue plonge sur Figeac.
Derrière l’église, nous découvrons une bal où je fais un échange.
La nuit sera calme malgré la proximité du rond point. 
 
 
Mardi 26 octobre 2021 
 
Ce matin, il s’agit d’être au musée Champollion dès l’ouverture à 10h car il ferme sur le temps de midi. A notre arrivée, il vient d’ouvrir et déjà la queue devant. Cela traîne un peu… Vérification du pass, vente des billets (2x 5€), récupération des audio-guides à la place de la visite guidée que nous n’aimons pas particulièrement et nous voilà dans la salle 0, consacrée à Champollion et à l’Égypte. 
 
Le masque n’est plus obligatoire mais recommandé. Pas étonnant, nous sommes nombreux à nous presser devant les vitrines. Photos sans flash autorisées mais très difficiles du fait des vitres et des reflets! 
 
Avec l’audio-guide, il suffit d’appuyer sur la touche correspondante à la vitrine. Cela semble simple, pratique sauf que les numéros ne se suivent pas ….et qu’ils sont peu visibles ! Dans cette première salle nous découvrirons un N° 16 qu’on aurait attendu plusieurs salles plus loin ! 
Champollion, gravure sur cuivre (1870)
La pierre de Rosette qui a permis le déchiffrage des hiéroglyphes porte la version d’un même texte en hiéroglyphes, en domotique et en grec.
Étude des correspondances entre les 3 écritures : nom d’Osiris tracé en hiéroglyphes soigneusement tracés, en hiéroglyphes simplifiés, en hiératique et en domotique (les 3 évolutions de l’écriture égyptienne)
Nous poursuivons par la salle n°1, en même temps qu’une visite guidée. Grossière erreur car les gens sont agglutinés devant les vitrines, tandis que d’autres parlent à voix haute ! 
Nous décidons de quitter cette salle et d’y revenir à la fin de la visite. Pour une question de logique, je poursuis néanmoins dans l'ordre du musée. 
 
C’est en fait cette première salle qui détermine l’organisation des autres. 
Les collections racontent la grande aventure de l’écrit, comment l’homme a tracé les premiers signes. 

L’invention de l’alphabet est une véritable révolution. 22 à 30 signes tout au plus suffisent à transcrire les sons au lieu de plusieurs centaines auparavant. C’est une écriture purement phonétique. 
Les premières écritures ouest-sémitiques, en usage au 2ème millénaire avant J.C. sont tombées en désuétude. Aujourd’hui, en revanche, les écritures hébraïques et arabes en sont directement dérivées et sont largement utilisées de nos jours autour de la méditerranée et à travers le monde. 
 
tablette avec inscription en alphabet cunéiforme d’Ougarit
stèles funéraires
copie de la statue au nom de Hadad-It’i, gouverneur de Guzana
col d'amphore
vase de mariage grec avec anses, caractéristique de la dernière période de l’époque classique
L’inscription judéo-araméenne se déplie sur 20 lignes concentriques depuis le fond de la coupe jusqu’au bord. (1er siècle après J.-C.) 
Au fil de notre avancée, il y a moins de monde et la visite devient plus agréable mais je me demande comment c’est en pleine saison ! 
 
Salle 2 - Naissance de l’écriture : découverte des premières écritures apparues en Mésopotamie et en Égypte, dès le 4ème millénaire avant JC.
sceaux brahmi 
C’est l’écriture brahmi qui a donné naissance à toutes les écritures indiennes.
moulin à prière tibétain
clous de fondation (XIXème et XXIème siècles av JC – Mésopotamie)
planche à imprimer en tibétain permettant d’imprimer des drapeaux à prière. Elle porte des tantras, formules de prières tibétaines.
Copie d’un kundurru *qui marque les dotations de terres faites par le roi. La stèle était certainement érigée sous la protection des dieux qui y figurent. 
* Les kudurrus sont des stèles de donation de terre dans le royaume babylonien, datant la plupart du temps de la période kassite, dont ils sont l'un des rares témoignages artistiques
comptes en sumérien tenu par le scribe d’un temple ou d’un palais
Code de loi du roi Hammurrabi de Babylone. Les 3500 lignes qui sont incisées dans la stèle sont écrites en cunéiformes et langue akkadienne.
Fragment d’une niche funéraire, montant droit (calcaire – Ancien Empire 6è dynastie - 2350-2200 av J.C.) 
Le nom et les titres de la défunte sont gravés en hiéroglyphes.
Les outils du scribe : palette destinée à ranger les calames du scribe royal du grand intendant de Memphis, Amenhotep, mortier du scribe qui servait à préparer les encres, modèle d’un double godet pour encre
Retranscription du début du code de loi
Statuette de Thot sous la forme d’un ibis
Sarcophage de Kerkehetiti (bois polychrome, 780-525 av JC , Thèbes)
Salle 3 - Naissance des écritures (suite), de la Chine à la Méso-Amérique
Épitaphe de Li Xian, WeiLi Xian muzhi, sur papier, à l’encre
Estampe à l’encre
rouleaux de Zhai Yubsheng
Salle 4 - L’invention de l’alphabet en Méditerranée : Les premiers alphabets qui comprennent entre 27 et 30 signes ont été créés par les peuples du Moyen-Orient. En moins d’un siècle, des dizaines d’alphabets y voient le jour. 7000 environ sont en pratique de nos jours.
La stèle de Hauberg datée de 199 av JC est le document maya inscrit le plus ancien connu à ce jour.
Les mayas ont inscrit sur argile le mythe de la création du monde. Reproduction de vases à pied anciens. 
La panse du vase est couverte de glyphes (représentation graphique d’un signe typographique maya, d’un caractère) donnant une liste de souverains associées à des dates.
Salle 5 - Le livre mémoire des hommes : Au début de notre ère, le livre fait son apparition ponctuée par l’apparition du papier en Europe et l’essor de l’imprimerie. Au milieu du XIXème siècle, le développement de l’imprimerie engendre l’apport de nouvelles technologies pour reproduire plus vite et diffuser plus vite, jusqu’aux moyens que l’on connaît maintenant. 
casier d’imprimeur pour ranger les casses
La dernière salle présente l’écriture comme un outil de contrôle mais aussi un moyen pour chacun de s’informer, protester, s’exprimer. 
 
Le musée ferme à midi et nous n'avons pas tout vu. Nous reviendrons donc après le repas que nous prenons dans un petit salon de thé en face du musée. Le nom est à retenir : "La boutique du café et du thé". Excellent choix tant sur le plan gustatif que sur le plan de l'accueil. Nous y retournerons avec plaisir.
A 14h, retour au musée pour finir la visite. Il y a toujours du monde mais nous pouvons voir ce que nous avons loupé volontairement ce matin, la salle 1 où il est question de l’Histoire, du monde et l’écriture.  
 
Nous continuons ensuite notre découverte de Figeac par la rue Malleville, pavée et croquignolette à souhait.
hôtel de Laporte avec pontet
Au fil de nos pas, nous revenons vers le centre ville. Toujours de belles maisons médiévales et de beaux détails.
hôtel particulier de Crussol du début du XVIIème siècle
Retour au camping-car pour l'étape suivante.