Entre Lot et Dordogne
les cabanes du Breuil 
(étape n°15)
Dimanche 30 octobre 2021  
 
Il fait beau après une nuit calme. Deux routes mènent aux Cabanes du Breuil mais seule une est autorisée aux bus. C’est donc celle-là que nous empruntons. Elle est sinueuse, étroite mais nous ne croisons pas d’autre véhicule. Nous nous garons sur un petit décrochement. Cigalon penche dans tous les sens et nous savons déjà qu’il nous faudra déjeuner ailleurs. 
 
Le site ferme à 12h30 et nous utilisons tout le temps imparti pour notre visite. C’est agréable même s’il n’y a pas grand-chose à voir. Seules cinq cabanes sont d’origine. Les autres sont des constructions récentes destinées à expérimenter ce type de constructions. 
 
Dès l’entrée des cabanes miniatures donnent le ton.
Un classeur avec des explications nous est remis et c’est là que je puise mes explications aujourd’hui que je prends, comme à chaque fois, en photo. 
 
L’origine des cabanes reste un mystère. On sait cependant qu’elles ont servi d’habitat rural aux bénédictins de Sarlat jusqu'au milieu du XVème siècle. 
 
Aux XVIIIème et XIXème siècles, elles étaient utilisées comme ateliers pour des artisans.  
 
Et depuis 1949, elles font partie d’une petite ferme de 15 hectares encore en activité.
« C’est d’abord, une histoire familiale qui a débuté en 1949 ! Est-ce que mes grands-parents, Irène et Félicien étaient venus ici pour ces constructions ? Pas du tout ! C’est ma grand-mère qui les as reçues de ces parents. Comme ils n’avaient rien d’autre ils s’en sont accoutumés. A leurs yeux, ce n’était que de gros tas de pierres, il n’y avait ni eau, ni route et très peu de terres cultivables…Puis, un jour tout a changé et ils les ont sauvées d’une démolition certaine...  
 
Depuis 1977, Marie et Claude, mes parents sont devenus « les bras forts » de ce petit coin de pierres. Ils en ont assuré la continuité intergénérationnelle.  
 
Depuis les années 90, à mon tour, je me suis lancé dans cette aventure et ma passion pour ce lieu m’a poussé à relever de nouveaux défis afin de conserver ce patrimoine. (Recherches de technique de constructions en pierres sèche : encorbellements et voûtes). 
 
Aujourd’hui, avec Carine, mon épouse et nos enfants Samuel et Mathias, nous multiplions nos efforts pour l’entretien et la rénovation de cabanes. Restaurations progressives de murs, Atelier de construction (2002), Exposition hommage à mes grands-parents (2014), Espace « Ailleurs dans le monde » (2019) … et bien d’autres choses !»
Les cabanes ont fait l'objet, à plusieurs reprises, d'importantes restaurations. 
 
Chaque cabane se décompose en trois éléments distincts : 
 
- un corps de base en pierres maçonnées au mortier de terre,
- une voûte de pierres sèches encorbellées et inclinées vers l'extérieur,
- une toiture de lauzes en forme de cloche avec coyau et rive débordante, qui vient recouvrir l'extrados de la voûte.
Chaque toiture est coiffée d'une grande dalle circulaire, taillée à la courbe.
Du fait de la pente du terrain, la rive des toitures rase le sol d’un côté. 
 
Les cabanes sont construites selon une technique bien précise. Les hommes commençaient par édifier un mur d’environ 0,95m d’épaisseur. Ensuite, ils montaient l’encorbellement de l’intérieur, sans armature, sans cordeau, juste guidés à l’œil. 
Une fois l’encorbellement terminé, il fallait construire la toiture extérieure en lauzes. Comme celle-ci ne pouvaient pas supporter le poids d’un homme sans se décaler, ce dernier montait le toit à l’aide d’une échelle. La dernière lauze n’est pas une clef de voûte. Elle est juste posée.  
L’épaisseur de la pierre à la base du toit est de 1,10m, au milieu entre 0,50 et 0,70m et au sommet de 1m. Le poids est en rapport avec l’épaisseur, en moyenne 3 tonnes par m². 
 
Nous arrivons à la première cabane qui est celle des oies. C’était l’ancienne maison du bourrelier, dans laquelle les grands-parents ont installé le secadou c’est à dire le séchoir à châtaignes avant de devenir la maison des oies.
Nous apercevons la maison des propriétaires avec un four accolé, rénové début des années 70.
Ensuite toujours du côté privé donc non visitables trois cabanes jumelées. De l’extérieur, on a l’impression qu’il n’y en a qu’une mais à l’intérieur elles ne communiquent pas et il faut sortir de l’une pour entrer dans l’autre.
La cabane du portail renferme un double four. C’est un essai de reconstruction d’une technique romaine : en-bas un four de chauffe et au-dessus un four de cuisson.
La cabane n° 5 est la cabane du cochon. C’était l’atelier d’un tisserand qui fabriquait des articles à base de chanvre.
Quand les hommes y habitaient, elle était vide. Il y avait un feu au milieu, les animaux autour. Les hommes dormaient à l’étage sur un plancher. Seules subsistent les poutres. 
Le ciment a été rajouté par le premier propriétaire ainsi que les crochets fixés dans la voûte. Ils permettaient de suspendre le tabac à sécher.
La cheminée date de 1988. Elle a été rajoutée pour mettre en valeur les vieux objets des grands-parents.
Le restant du musée est consacré au chantier réalisé dans un but culturel et scientifique afin de trouver la technique de construction en pierres sèches.
La carrière qui en général ne dépasse pas 1 m de profondeur était située à l’endroit même des constructions.  
La couche supérieure était composée de 40 à 70 cm de lauzes, idéales pour réaliser les toitures car elles sont plates et ne dépassent guère 6 cm d’épaisseur. 
De la couche inférieure était extraite la terre à bâtir pour les murs.
Les cabanes jumelles ont été créées dans un but culturel. Elles ne seront pas finies.
Retour dans le village et arrêt à la cabane n°10, la plus grande, et qui était la maison du forgeron. S’y tient une exposition sur les cabanes familiales de 1949 à nos jours.
La cabane 13, celle du berger ou de la vigne, est une cabane typique du Périgord. Ces cabanes servaient uniquement à remiser les outils ou à abriter les hommes. D’ailleurs contrairement aux cabanes d’habitation, celles-ci n’avaient qu’une seule épaisseur de toit.
Le grand-père construisait des cabanes avec des brandes pour abriter son matériel agricole. La brande est un végétal poussant dans les sous-bois de pins et de genévriers. On la coupe en hiver et ensuite, elle doit sécher au moins un mois pour pouvoir l’utiliser.  
 
Un certain nombre d’outils sont exposés sur le terrain.
En France, il existe plus de 50 appellations pour nommer les cabanes : bories, capitelles, cazelles, gariottes …
Entrés sous un beau soleil, nous en ressortons sous un ciel plus que nuageux.