Balade dans l'outre-forêt septembre 2011
Première halte à Wissembourg. Nous accédons aisément au centre ville en longeant la Lauter. A l’extrémité ouest du Bruch, une petite porte d’eau enjambe la rivière. On se dirait aux Pays-Bas ! Edifiée en 1748, elle abrite l’écluse permettant de renvoyer l’eau de la rivière vers les fossés de l’enceinte.
A quelques pas de là, la tour des Hausgenossen de 1420 permettait de surveiller l’ancienne porte de Bitche ou Obertor, supprimée au XVIIème siècle. Initialement en forme de fer à cheval ouvert sur le Bruch, elle n’avait pas de toit. Adaptée à la fin du XVIème siècle aux armes à feu, elle s’orne alors de deux frises de mâchicoulis et d’éléments sculptés.
Nous sommes dans le faubourg de Bitche appelé aussi « s’ Bruch », autrefois très marécageux. Il s’est constitué autour du prieuré St Michel dès l’an 800. Puis au moyen-âge, ce sont les vignerons qui ont pris possession du quartier comme l’attestent les serpettes qui fleurissent sur les linteaux des portes.
Certaines maisons sont joliment décorées.
Celle de l’ami Fritz, construite en 1550, porte ce nom car elle a servi de toile de fond en 1932 au générique du film tiré du roman d’Erckmann Chatrian. La porte mêle les styles gothique tardif et Renaissance.
Nous continuons à longer la Lauter. Il reste encore le mur de l’ancienne abbaye auquel est accolé un lavoir. Les bâtiments alentour se mirent joliment dans la Lauter.
Nous approchons du centre ville. La maison du sel se repère de loin à son haut toit percé de lucarnes. Le poids des années en a déformé la structure. D’abord hôpital au XVème siècle, puis boucherie, cette imposante maison a servi à partir du début du XVIIème siècle à entreposer du sel avant de devenir propriété privée à la Révolution. Les greniers ont servi de séchoirs pour le houblon.
Sur un coin de pelouse, des crayons géants, du mobilier scolaire, un tableau et un boulier rappellent que la rentrée scolaire n’est pas encore très loin. Décidément l’école me poursuit
Les rues sont très animées mais nous ne croisons pas beaucoup de Français. C’est plutôt la langue de Goethe qui se pratique ici. La frontière n’est pas très loin.
Nous revenons sur nos pas en suivant les remparts aménagés pour la promenade et arrivons à l’Eglise Saints Pierre et Paul, bâtie en grès qui se repère de loin à cause de ses clochers de style différent.
L’un, carré recouvert de tuiles vernissées, date de l’époque romane, l’autre, au toit recouvert d’ardoise est de style gothique. Sur le clocher roman, on distingue un cadran solaire.
Le début de la construction de l’église Saint Pierre et Saint Paul date de l'époque romane. C’était l’ancienne église d'un monastère bénédictin fondé vers 660 presque totalement détruite lors de la Révolution et utilisée comme magasin à fourrage. Il ne reste plus grand-chose de l’édifice originel. Néanmoins, les vitraux du chœur ont été sauvés.
L’orgue Dubois du XVIIIème est très dégradé et fait l’objet d’une grande restauration. Elle a été vidée de ses tuyaux.
Le St Sépulcre du XVème siècle a été mutilé lors de la Révolution et remplacé au XIXème par un gisant.
Accolé à l’église, au nord, un cloître du début du XIVème siècle est resté inachevé sans voûtes et abrite une série de dalles funéraires, tombes des abbés du XIVème et XVème siècle ainsi que des sarcophages du Xème et XIème siècle. Au-dessus de l’une des portes, un tympan de la nativité dont les têtes ont été martelées à la Révolution.
La chapelle romane dédiée à St Willibrord présente de belles colonnes à fûts monolithiques et chapiteaux cubiques. Elle sert actuellement de lieu d’exposition.
A côté, la maison des chanoines construite après 1770 pour abriter les chanoines de la collégiale a été transformée en logements privés.
Même si nous pouvons passer la nuit à Wissembourg, nous décidons d’aller à Betschdorf sur l’aire de service. Il fait chaud et il est agréable de pouvoir s’installer à l’extérieur ce que nous ne faisons pas en ville. Il y a déjà deux camping-cars garés mais il y a de la place et nous en profitons pour nous détendre en sortant table et chaises.
Nous consacrons la matinée du dimanche à visiter l’un des villages alsaciens classés depuis 1969 parmi les "plus beaux villages de France" : Hunspach. 
La particularité de ce bourg, plein de cachet et où le temps semble s’être arrêté, ce sont ses maisons à colombages. Elles sont toutes quasiment identiques avec un toit à pans coupés ou " nez cassé ". Les murs d'un blanc éclatant contrastent avec la couleur sombre du bois. 
Sur les poutres, très souvent, on peut lire les initiales des noms des propriétaires et la date d’entrée dans les lieux.
Certaines de ces maisons datant des XVIIIème et XIXème siècles possèdent également des vitres bombées qui permettent de regarder à l'extérieur sans se faire voir. Cette mode, vraisemblablement originaire du pays de Bade, date du XIXème siècle ; de ce fait on les appelle les « vitres de Kehl ». De nombreux géraniums égaient les façades d’un rouge éclatant. Dommage, ce matin le soleil est un peu frileux.
Comme dans la plupart des villages de ce coin de l’Alsace, les habitants sont ici en majorité protestants. Le temple occupe donc une place de choix sur une petite butte. A la nef peinte en blanc s’ajoute un clocher en grès des Vosges. Le temple a été édifié en 1757 alors que le clocher date de 1874 remplaçant un clocheton en pan de bois.
Notre visite est jalonnée par des puits à balanciers, des Schwenkelbrunne.
Nous croisons une colonne de véhicules militaires pétaradant et fumant ! Ils reviennent sûrement du Fort de Schoenenbourg, ouvrage sur la ligne Maginot, à quelques kilomètres de là.
Petit tour à Seebach presque complètement reconstruit entre 1750 et 1820 et repeuplé par les deux confessions : les protestants au nord de la mairie, les catholiques au sud. Ici aussi mais dans une mesure moindre, les maisons sont blanches avec des colombages sombres. Quelques unes ont également des fenêtres de Kehl. Les toits sont couverts de tuiles dites « queue de castor » (Bieberschwanz). La mairie de 1731 présente un poteau cornier torsadé pour éloigner la foudre et le toit est surmonté d’un joli petit clocheton.
A Kutzenhausen, nous nous installons provisoirement sur le petit parking à côté du temple pour déjeuner sur une surface à peu près plane.
En 1988, le musée de la Maison Rurale de l'Outre-Forêt s’installe dans un corps de ferme typique de la région du XVIIIème siècle.
La visite commence dans la grange qui abrite une exposition temporaire sur l’école et où l’on peut s’imprégner de l’ambiance d’une salle de classe des années trente. Les bérets, les tabliers suspendus, les sabots rangés les uns à côté des autres sur une étagère, les gamelles réchauffant tout doucement sur le poêle, voici des images que nous n’avons pas connues. Par contre les vieux bancs gravés et les porte-plume colorés qu’on trempait dans l’encrier, voilà des souvenirs qui résonnent en nous.
Dans la salle à côté, une exposition de cruches en grès à sel de Betchdorf présente des récipients pour tous les usages. Les cruches à col étroit servaient à stocker des liquides comme le schnaps, l’huile de noix ou de colza. Les cruches grises étaient essentiellement décorées pour les occasions particulières. C’est en cuisant que les dessins d’un bleu typique de Betchdorf devenaient brillants. Lorsque la température de la cuisson était insuffisante, le sel ne vitrifiait pas les pièces et la poterie restait terne.
Les bouteilles dites moines (Walzekruej), de forme cylindrique et à col étroit, avec une anse pour la plupart facilitaient le transport de boissons notamment lors du travail aux champs. Les plus petites, remplies de sable, pouvaient servir de chaufferettes.
Les cruches de distillation, imposantes et ventrues, à col large et deux anses, accompagnées de leur passoire, permettraient de recueillir l’eau de vie.
La poterie de Betschdorf est étanche et peut donc servir dans la cuisine.
Nous revenons dans la cour. Un poteau d’angle provient d’une maison de Soultz-sous-forêt. Il s’agit d’un poteau cornier d’un étage avec sa date de construction (1718) et une vis sans fin, appelée « Fierschrubé » en alsacien. La poutre angulaire symbolisait à la fois la propriété et le soutien de la demeure paysanne.
Plus loin, se trouvent les dépendances agricoles, avec l’étable, l’écurie, la grange, la porcherie, le potager, la basse-cour ou encore les clapiers qui rappellent l’importance des animaux à la ferme. On y découvre aussi des toilettes d’époque, une distillerie, une forge et même une collection de tapettes à souris.
Nous terminons la visite par la maison d’habitation qui pouvait abriter jusqu’à quatre générations.
La «Gross’Stub», pièce à vivre est désignée aujourd’hui sous le terme de «séjour». On s’y retrouve pour les veillées ou pour accueillir les amis. Un poêle en fonte prodigue la chaleur en hiver.
Dans l’angle extérieur, entre deux fenêtres le « coin du Bon Dieu » (Hergotswinkel) est occupé par une petite armoire à encoignure où l’on rangeait les papiers importants, la Bible et la bouteille de schnaps. C’est là aussi que se tenait le maître de maison. Il pouvait ainsi surveiller ce qui se passait à la fois dans la cour et dans la rue. Cet endroit correspond à celui du poteau cornier.
Dans cette pièce, on trouve un curieux banc où l’on caille le lait.
L’alcôve tient lieu de chambre avec ses deux lits.
Au même étage, la chambre des aînés servait à la fois de chambre à coucher et de pièce à vivre.
Dans la cuisine, on trouve toutes sortes d’objets très hétéroclites. Traditionnellement située du côté opposé à l'entrée de la maison, elle est le domaine réservé des femmes qui œuvraient là quotidiennement pour la préparation des repas, la transformation et la conservation des aliments, l’élaboration des bouillies et de la pâtée pour les animaux.
L’évier est encore en pierre et son écoulement aboutit directement dans la cour. C’est là que toute la maisonnée faisait une toilette des plus sommaires ! 
L’eau du puits était utilisée parcimonieusement. L’eau courante n’a été mise en place dans le village qu’en 1970. 
Dans le coin de la pièce une cheminée servait de fumoir.
Le vaisselier, un « Omer » de 18ème siècle, simple et rustique, se dresse en face de la cuisinière des années 1930. L’étagère accueille poêles, cocottes et marmites en terre vernissée, en fonte, en tôle.
A l’étage, une autre pièce permettait d’abriter le jeune couple. On y trouve un coffre de marié
Un autre lieu de conservation est la cave, où l’on stocke pour l’hiver les denrées produites à la ferme pendant la belle saison.
Il est temps de rentrer mais auparavant nous nous arrêtons à Woerth pour manger une glace et emporter un gros vacherin pour la semaine prochaine. L’avantage du camping-car !