Normandie 2016, Beaumesnil
Après le déjeuner, nous enfourchons nos vélos pour la visite du château de Beaumesnil, à moins de 2 km ! Surnommé le Versailles normand, le château nous apparaît, sitôt l’accueil dépassé, comme une vraie féerie.
Gros coup de cœur pour cet édifice qui s’étend au milieu d’un parc de 4 ha arboré d’une part à la française avec un miroir d’eau et un jardin à l’anglaise romantique. 
 
A la droite du château, un étrange monticule, un îlot de verdure au milieu des douves qui n’est que l’ancienne motte castrale transformée en labyrinthe au XVIIIème siècle par la comtesse de Graville en souvenir de Jacques de Nohan, bâtisseur du château actuel.
La construction du château féodal date de 1250. En 1604, Jacques de Nohan acquiert la forteresse et de 1633 à 1640, la transforme en un château de plaisance tel que nous le connaissons aujourd’hui. 
En 1928, le grand Duc Dimitri Pavlovitch se réfugie à Beaumesnil, après avoir fomenté l’assassinat de Raspoutine. Le château constitue l’ultime cadeau de son épouse, la princesse Romanooska, avant leur séparation. 
En 1939 Jean et Eugénie de Fürstenberg, collectionneurs et banquiers, recherchés par la Gestapo rachètent le château. Ils font des travaux dans le jardin, complètent l’ameublement et constituent l’étonnante collection de livres exposés au musée. Sans enfant, ils créent en 1964 la fondation Furstenberg pour pérenniser le patrimoine. À leur décès en 1992, c’est leur collaborateur qui poursuit leur œuvre. À présent, c’est une société « Tous au château » qui gère le domaine. 
 
Un pont dormant encadré par des lions nous permet de franchir les douves et nous mène au château.
La façade qui s’élève devant nous est de toute beauté et affiche une unité autour du chiffre 3.
Trois parties : le corps central en ressaut qui abrite l’escalier qui dessert l’étage noble, de chaque côté les appartements. De même cette trilogie est respectée de bas en haut puisque on distingue un soubassement de couleur ocre, surmontée d’une façade rose coupée par des rangées de pierres et couvert par des toits à la française. La façade, percée de 23 fenêtres est richement décorée, dans un style Louis XIII : mascarons, visages sculptés. On sent l’influence de la Renaissance italienne.
Nous observons attentivement les sculptures et découvrons les D entrelacés des nom et prénom de l’épouse de Jacques de Nohan.
Par l’escalier monumental, nous accédons au grand salon Louis XIV dont les boiseries sont ornées des allégories de la musique, peinture, géographie et sciences.
Les fauteuils style Louis XV ont le dossier plat et des pieds de biche. Il faut aimer !
En pénétrant dans la bibliothèque, nous sommes frappés par le dallage rouge et noir, aux armes des Montmorency, des lions rampants, des aigles sans serres ni bec et la croix des croisés.
La grande cheminée porte le portrait de Marie de Médicis. Les meubles datent des XVIème et XVIIème siècles.
Par la galerie qui surplombe la bibliothèque, nous accédons au second étage et entrons dans le petit musée de la reliure où l’on trouve des livres ayant appartenus à des gens célèbres comme Marie-Antoinette, Richelieu, Louis XIV...
La salle à manger est une pièce étroite occupée presque totalement par la grande table. Le décor est un décor typiquement du XIXème siècle, début du XXème sauf le plafond baroque. C’est ici qu’aurait eu lieu la rencontre entre le duc et Coco Channel qui fut sa maîtresse. À l’un des bouts, se dresse la statue de Cérès du XVIIIème accompagnée par un Amour portant une gerbe de blé.
Nous passons à présent dans le salon de Madame où seul un buste en marbre de Carrare, signé Max Klein (1890), est à remarquer.
Rien de spécial à voir non plus dans sa chambre.
Il est temps de profiter du soleil pour découvrir les jardins entraperçus à travers les fenêtres. Le jardin s’étale au-delà des douves vers le miroir d’eau et plus loin encore.
Nous décidons de faire le parcours des expressions gourmandes : 19 panneaux à rechercher. Chaque panneau explique une expression en lien avec la nourriture et donne une lettre. Il s’agit à la fin de composer avec ces lettres une nouvelle expression … Nous n’avons pas beaucoup de temps avant la démonstration de fabrication de caramels qui a lieu dans les cuisines et c’est donc au pas de course que nous allons glaner nos lettres !
C’est l’odeur du sucre chaud qui nous mène jusqu'aux cuisines situées au rez-de-chaussée.
Le sucre fond déjà dans le chaudron lorsque nous arrivons. L’animatrice en profite pour nous montrer les ustensiles qu’elle utilise et nous donne la recette des caramels qui seront vendus à la boutique.
Dans la cuisine deux curiosités :
le puits de l'ancien château qui montre que le château s’est construit autour
un moule à sorbet.
En ressortant de l’édifice, nous admirons le jardin des 4 saisons, réaménagé au XIXème siècle et qui portait à l’origine le nom de jardin de Madame ou jardin de la Duchesse. Les Furstenberg lui donnent l’aspect actuel en transformant le jardin à l'anglaise en jardin à la française par souci d’harmonisation avec le château et ils gomment du coup tout romantisme.
Nous découvrons également la glacière qui permettait de conserver la glace toute l'année. Rappelez-vous le moule à sorbet… C’est d’ici que provenait la glace. 
Cette installation souterraine était destinée à recevoir les blocs de glace prélevés l'hiver dans les étangs gelés. Isoler par des planches et de la paille, la glace pouvait être conservée jusqu'à 10 mois. Il faut dire que le XVIIIème siècle est marqué par une période de refroidissement climatique appelée le petit âge glaciaire.Grâce à ce système, les châtelains pouvaient offrir à leurs invités des sorbets.
Le lavoir et la buanderie témoignent des coulisses de la vie du château. La buanderie pourvue d'une cheminée était utilisée pour faire bouillir le linge dans de grandes cuves lessiveuses.
Ce n'est qu'après ce lavage préliminaire que le linge était rincé dans le lavoir équipé d’un plancher ajustable grâce à des chaînes au niveau de l'eau. Un plus pour les lavandières qui lors des grandes tournées de lessive pouvaient affronter une quantité de linge très importante.
Avant de quitter le château, nous allons retirer notre lot pour avoir trouvé l'expression gourmande ! Des caramels !