Entre Lot et Dordogne
Martel
(étape 1)
Mardi 19 octobre 2021 
 
Après 3 semaines à la maison pour honorer nos différents rendez-vous et faire l’entretien de la maison, du jardin et de la piscine, nous voilà à nouveau sur la route. 
Nous choisissons le sud-ouest parce que nous voulons voir nos 3 Schtroumpfs que nous n’emmenons pas en vacances cette année pour cause de déménagement. 
Notre choix se fixe sur le Lot déjà visité en 2005 et 2006. 
En cours de route, le ciel gris est vite remplacé par un beau soleil et une température agréable. La circulation est dense. 
 
Étape de nuit à Damerey, ponctuée par la cloche de l’église qui sonne deux fois par heure. 
 
 
Mercredi 20 octobre 2021 
 
Ce matin, le beau temps a cédé la place à la grisaille et les kilomètres s’égrainent au fil de la journée. Et dire que nous faisons la totalité du parcours en voiture et sur autoroute en une dizaine d’heures ! 
 
Le camping-car, c’est la slow-attitude mais nous nous passerions bien de ces longs kilomètres de transition. 
 
Étape du soir à Egletons, en Corrèze. A peine arrivés, une forte pluie s’abat sur la ville et cette fois-ci, nous nous endormons avec des bourrasques et le tintamarre de la pluie sur le toit du camping-car. C'est Aurore qui traverse la France. 
 
 
Jeudi 21 octobre 2021 
 
Au réveil, il pleut toujours mais au fil des kilomètres, la pluie faiblit et nous voyons même apparaître les premières clartés encourageantes. 
Nous abordons le Causse de Martel où la Dordogne marque une fracture entre deux plateaux calcaires. 
 
Il est juste midi quand nous nous posons sur l’aire de Martel, un vaste parking payant où en cette saison la place ne manque pas. (Parking Monti, Avenue de Turenne. )
L'endroit me plaît immédiatement car dans un pré à côté de l'aire deux sculptures s'élèvent. Elles font partie d'un parcours artistique, l'Échappée, organisé par So’Art (Amalthée parade). Les œuvres monumentales créées spécialement pour cette 1ère édition invitent le promeneur à vagabonder à travers Martel et à découvrir 8 œuvres d’art installées au détour d'une rue, au cœur d'un jardin, dans un arbre centenaire ou sur les hauteurs d'une prairie. Ces créations artistiques suscitent des interrogations, du rêve, des émotions, et posent des questions sur l'importance du bois dans notre vie. 
Nous en trouverons 7 sur 8. (légendes données par les artistes)
"La 8ème tour" (Team Fleur) 
Ce n'est pas seulement une tour, c'est aussi un instrument de musique : le moulin à trois hélices va faire résonner les marteaux du blason de la cité sur la pierre, le métal et le bois comme les travailleurs l'ont fait pour construire Martel.
"Sans un regard" (Pascal Provost) 
L'arbre entortillé de câbles élastiques est tenu en laisse par un homme de sable, pour symboliser la destruction de la nature par l’homme et l'importance de la forêt dans notre environnement.
"Le visiteur" (Thomas Voillaume)
un colosse en bois, démesuré de 4 m de haut, à l’allure humanoïde, se promène dans les rues de Martel. D’origine indéterminée, il semble pacifique. 

"Gabare" (Delphine Trapenat)
symbole vestige du passé, de bois et de fils, bien plus qu’un bateau est l’histoire d’un territoire. Sa voile est constituée de tissus provenant de la population, comme autant de tranches de vie.
"Épeire diadème"(Lucien Ghomri) une araignée de 7m d’envergure peinte sur bois.
"Cabané" (Bruno Verger)
c’est haut tout en restant proche. C’est un écrin dans lequel on ne peut monter. C’est un espoir.
" Le G.L.U.P.S" (Roland Cros)
propose une rêverie autour d’un improbable véhicule intergalactique
Après le repas, départ pour le bourg à quelques 500m de là. C’est le moment de tester mes nouvelles chaussures de marche. 
Martel, surnommée la ville aux 7 tours - mais il y en a bien plus - est affranchie par le vicomte de Turenne. 
 
Premier arrêt à l’OT pour retirer un guide de visite (payant = 0,80€). 
 
Un peu d'histoire tout d'abord. 
 
Martel est l’une des rares villes qui ne doit pas son existence à un castrum ou à une fondation religieuse. Elle est née d’une convergence de routes. Dès le XIIème siècle, elle s’enrichit grâce au négoce du sel et des tissus. Elle s’entoure alors d’une première enceinte pour enfermer le quartier marchand à l’ouest, le quartier religieux à l’est et au centre le quartier fortifié avec des tours qui prennent le nom de bourgeois et nobles locaux. 
Au XIIIème siècle, le vicomte de Turenne accorde des privilèges à la ville administrée par 4 consuls. Aux premières menaces de guerre, les consuls font construire une seconde enceinte entourant cette fois-ci les nouveaux quartiers, les barris. 
 
Au XVème siècle, Martel devient le siège de la maréchaussée royale apportant une population nouvelle de juristes, officiers et fonctionnaires. Ils construisent des demeures confortables aux fenêtres à meneaux, avec des escaliers à vis logés dans une tourelle et d’élégants portails annonçant le prestige des propriétaires.
Dès 1738, la vente de la vicomté à la couronne royale lui fait perdre une partie de ses privilèges. Le commerce est ruiné par la concurrence de Souillac, le pèlerinage de Rocamadour décline, les profits de la sénéchaussée diminuent. Les bourgeois investissent dans le domaine agricole et Martel connaît alors des marchés importants où la truffe tient une large place. 
 
Nous pénétrons dans la ville médiévale en franchissant la tour Tournemire, dite tour carrée, intégrée à l’enceinte du XIIème siècle. Elle porte, comme les autres, le nom de la famille de bourgeois qui l’occupait. Tour de guet et de défense, elle a aussi servi de prison seigneuriale, puis royale et enfin municipale.
Devant la porte l’emblème de Martel est dessinée en pavés au sol : 3 marteaux d’argent emmanchés d’or sur champ de gueule, emblème qui se retrouve aussi apposé sur les murs de la tour.
Nous sommes dans la première enceinte. Peu de monde dans les rues, la balade est agréable et pas de problèmes pour faire des photos. Seul le soleil joue à cache-cache entre lumière et ombre. De nombreuses bâtisses médiévales jalonnent notre visite.
Maison dite "maison grise", ornée de pierres de remplois et de pastiches du Moyen-Age.
Nous arrivons place de la halle.
Édifiée du XVIIIème siècle sur 14 piliers massifs, en pierre, elle est magnifique avec sa charpente en châtaignier. Elle occupe l'espace de l'ancienne maison des consuls où se décidait la gestion de la ville.
Sur le rebord d’un des côtés sont posées des "conques" ou anciennes mesures à grains.  
Depuis 2004, la halle est inscrite aux monuments historiques.
Notre regard s'arrête sur une belle bâtisse, le palais de la Raymondie.
Édifié à partir de 1280 à l’initiative de Bernard Raimondi, receveur des impôts royaux et fils présumé du vicomte de Turenne, ce palais urbain est composé de quatre ailes disposées autour d’une vaste cour. On y accède par un porche surmonté d'une tour symbole du prestige seigneurial, transformée en beffroi. Devenu Hôtel de Ville à la Révolution, il abrite aussi de nos jours un musée gallo-romain ainsi que l'OT.
S'il est élégant vu du côté tour, sa façade à droite est impressionnante. Les trois niveaux expriment les différents rôles d'une palais urbain : le rez-de-chaussée est ouvert par des arcades, destinées au commerce; aux étages, les salles s'ouvrent vers l'extérieur par des baies de remplages. A chaque angle, les petites échauguettes expriment davantage le prestige du propriétaire qu’elles ne servent de défense.
Nous suivons le plan remis à l’OT. Les maisons remarquables sont nombreuses. 
 
La maison dite Fabri d'origine médiévale (XVème siècle) mais remaniée au XVIème siècle comme en témoigne le décor à pilastres et le fronton arbore une belle la tour d'escalier à 5 baies. Le rez-de-chaussée était réservé aux échoppes.
L'hôtel de Briance dit Vergnes de Ferron, construit au Moyen-Age, comme en témoigne la jolie tour d'angle, hors-oeuvre. Le logis a été remanié à la fin du XVIème siècle
Les belles portes équipées d'un heurtoir sont nombreuses mais celui-ci est curieux car il est placé dans la partie haute pour être atteint par un homme à cheval.
Maison de la Vidalie ou maison du silence, vestiges de baies à colonnettes du XIIIème siècle et une porte avec linteau en accolade de la fin du XVème.
En face, une maison de marchand s'ouvre au rez-de-chaussée par deux grands arcs brisés. L'étage, autrefois à pans de bois, a été transformé au XVème siècle et garni de baies à croisées et demi-croisées.
L’hôtel de Mirandol dit Dorval de Sourzac ne se devine que de l’arrière par sa haute tour carrée d’escalier.
Nous suivons la rue de l’Église où l’on peut voir deux maisons à pans de bois avec encorbellement. Les about de solives sont soigneusement taillés.
Nous arrivons à l'église Saint-Maur (XIVème - XVème siècles), adossée aux remparts et construite sur une église du XIIème siècle, vraisemblablement d’origine bénédictine.
De l’extérieur, elle ressemble plus à une forteresse qu'à une église avec ses tours à échauguette, mâchicoulis, sa tour-clocher de plus de 40 m servant de tour de défense et sa bretèche.
Le chevet de l’église forme l’extrémité de la première enceinte. L’impression de forteresse est renforcée par la présence d’une autre bretèche.
Son portail possède un tympan roman sculpté au milieu du XIIème siècle qui représente la seconde Parousie (avènement du Christ) peu avant le Jugement Dernier.
L’intérieur, assez vieillot, présente les caractéristiques de l’architecture gothique méridionale : nef unique bordée de chapelles, chœur fermé par un mur droit, voûtes sur croisées d’ogives.
un vitrail du XVIe siècle orne la large baie du choeur
Dans la rue du Puits, un vieux puits a la particularité d’être construit à la fois vers l’intérieur de la maison, pour les propriétaires, et vers la rue pour la population. On peut voir la trace de la corde sur la margelle.
Nous quittons la première enceinte et aboutissons sur le boulevard, qui occupe l'emplacement des anciens fossés qui protégeaient la première enceinte de la ville. Ils ont été comblés à la fin du XVIIIème siècle puis plantés de tilleuls pour en faire une promenade.
En contrebas, le grenier d’abondance, une maison du XVIème siècle qui était utilisée comme réserve alimentaire pour secourir la population pendant les années de disette.
La tour des cordeliers est l'unique vestige du couvent des Cordeliers installé à Martel en 1230. Cet ordre mendiant qui ne s’installait que dans les villes riches témoigne de sa prospérité au XIIIème siècle.
Nous terminons notre découverte de Martel par l’un des barris (quartier) construit dans la seconde enceinte.
Maison du XVIIIème siècle, avec des baies à arc segmentaire et des garde-corps en ferronnerie
Maison du XIVème siècle qui ouvre ses arcades marchandes sur la rue
Porte de Brive (l’une des 9 portes fortifiées) construite pour protéger les barris.
La porte côté route de Brive
Vieux puits en dehors du barri
Notre visite de Martel se termine. Nous lui avons trouvé énormément de charme. Architecture, décorations, tout a contribué à rendre notre découverte agréable !
Quelques courses avant de revenir au camping-car pour une soirée calme. Passage de l’encaisseur ( 5€ + 1,22€ de taxe de séjour). Les services se situent à un autre endroit de la ville et sont gratuits.  
 
Vendredi 22 octobre 2021 
 
Nuit calme, matin gris… 
Avant de quitter Martel, nous faisons les services situés place de la Fontanelle. La ville a choisi de séparer parking et services. Dépôt aussi de deux livres dans la boîte à livres pour compenser ceux pris la veille au cours de notre promenade.