Escapade en Allemagne
Le Rhin Romantique – La vallée de la Moselle
du 11 au 14 juillet 2002
Nous partons en fin de journée. La circulation est dense au niveau de Strasbourg. Il fait beau et lourd. Nous nous arrêtons pour la nuit sur l’aire de service d’Edenkoben (Allemagne).
A notre arrivée, il y a déjà une quinzaine de camping-cars mais l’emplacement est vaste et il y a de la place pour tout le monde. Le terrain, pavé, est légèrement bombé et Gabriel décide de mettre les cales pour la nuit… Ce n’est pas vraiment une bonne idée car au 1er tour de roue, la gamelle d’Osiris est écrasée sous le regard stupéfait de sa propriétaire.
Après le repas, nous faisons un petit tour dans Edenkoben où les habitations, malgré la frontière encore proche, ont déjà un air très germanique. Et la Konditoreï* est encore ouverte !
La une nuit calme.
Nous quittons Edenkoben par l’autoroute jusqu’à Bingen.
Le temps est orageux. Mais nous sommes sur la rive gauche du Rhin. Rüdelsheim
est en face et le seul moyen de passer d’une rive à l’autre,
c’est d’emprunter le bac
car le pont le plus proche est à Mayence (Mainz).µ4µ3 Bien
que le Rhin soit bien plus large que chez nous, la traversée est courte
: juste
le temps de prendre quelques photos en se faufilant entre les véhicules
serrés les uns contre les autres et moins de 5 mn plus tard, nous débarquons
à Rüdelsheim qui marque le début
du passage romantique du Rhin
. Nous trouvons un parking pour Cigalon sans grande difficulté.
Nous arrivons en pleine rencontre des clubs de Harley Davidson et partout
nous rencontrons des motos rutilantes et rugissantes.
Nous gagnons la
célèbre Drosselgasse, calme à cette heure. Dans cette
ruelle, débits de boissons, restaurants et boutiques de souvenirs se
succèdent. Les premiers touristes qui arrivent sont des Japonais. D’aileurs
la plupart des restaurants affichent les menus dans leur langue.
A milieu de cette ruelle étroite et pittoresque,
une horloge s’anime toutes les heures. Quatre jaquemarts défilent
tandis que résonnent les mélodies cuivrées de quatre
airs populaires dont évidemment celui de la Lorelei. Les maisons sont
magnifiques, richement décorées et très fleuries.
Si nous n’avions
pas eu Osiris, nous aurions pu visiter le « Siegfrieds Mekanisches Musikkabinett
» ( musée de la Musique mécanique
) …
ou prendre le téléphérique qui mène au Niederwalddenkmal
( monument du Niederwald ), érigé entre 1773 et 1883 pour commémorer
le rétablissement de l’empire allemand.
Nous nous contentons donc de flâner dans les ruelles et d’acheter
dans une Bäckerei des Brötchen au Kurbis ( petits pains aux graines
de courgette ) et des Schwedenbrödchen ( petits pains suédois
). Un vrai régal dont les Allemands ont le secret. Quant à Osiris,
elle a enfin trouvé une fontaine à son goût.
Nous reprenons
notre route qui en suivant les sinuosités du Rhin et les coteaux de
vignes, nous mène d’un château à un autre.
A la sortie de Rüdersheim, sur la rive opposée, le « Maüseturm
» (Tour de la Souris ) servait de poste de péage sur le fleuve.
A l’entrée de Kaub, au milieu de l’eau, le château
de Pfalz ( Pfalzgrafenstein ), poste de péage également, dresse
son donjon entouré d’une enceinte à tourelles évoquant
la forme d’un navire.
Au-dessus émerge la ruine restaurée du Gutenfels et un peu plus
loin, au-dessus de la route, apparaît en plein soleil de midi, le rocher
de la Lorelei, devenu le symbole du Rhin Romantique . La statue de la jeune
fille aux cheveux dorés brille tel un phare au milieu du fleuve.
La statue est sculptée
très grossièrement, sûrement pour être visible des
bateaux de tourisme qui remontent et descendent inlassablement le courant.
Osiris ne peut pas résister à l’appel de l’eau.
Nous revenons sur nos pas et, malgré la chaleur, nous décidons de monter sur le rocher de la Lorelei, à 132 mètres. L’ascension est pénible et il nous faut 20 bonnes minutes pour atteindre le sommet. Nous découvrons à nos pieds, le Rhin serpentant entre St Goar, sur la rive gauche, surmonté du château de Rheinfels (Burg Rheinfels) et St Goarshausen, sur la rive droite. Au dessus de St Goarshausen s’élève le château-fort du Katz qui aurait été construit pour neutraliser celui du Mause, situé un peu plus en aval.
Fatigués et assoiffés, nous reprenons la route vers Coblence (Koblenz), ville située au confluent du Rhin et de la Moselle et ancienne préfecture du département français «Rhin et Moselle». Après une journée passée dans la nature, la visite d’une grande ville ne nous attire pas particulièrement et nous décidons de rechercher un endroit pour passer la nuit mais sur cette rive les aires font cruellement défaut.
Nous entrons dans
la vallée de la Moselle dont les activités principales sont
le tourisme et la viticulture. ( riesling ). Nous nous arrêtons à
Edigen car il est déjà plus de 18 heures et nous nous garons
à côté d’un autobus aménagé…
La taille de ce camping-car nous étonne mais nous ne serons pas encore
au bout des surprises.
L’aire est complète; certains camping-caristes ont sorti auvent
et chaises. Comme d’habitude, nous nous contentons du minimum et préférons
faire un petit tour dans le village viticole. Peu de commerces et tous sont
déjà fermés à cette heure. Par contre beaucoup
de viticulteurs proposent la vente de leur vin. Arrêt téléphone
également et nous pouvons tester, pour la première fois à
l’étranger, le bon fonctionnement de la carte Viva.
La nuit est calme et reposante avec quelques gouttes de pluie mais l’orage qui menace n’arrive finalement pas.
Samedi 13 juillet (174 km ) haut de page
Il fait gris lorsque nous reprenons la route qui longe la Moselle jusqu’à Trier. Les aires de service se succèdent comme les coteaux pentus de vignoble. Le raisin ne doit pas être facile à vendanger et certains viticulteurs ont installé des remonte-pente pour travailler dans leur vigne.
Nous choisissons
la route qui longe la rivière même si cela rallonge notre trajet
jusqu’à Trier (Trèves). Nous nous garons sur la place
de la foire exposition ( Messe ), de l’autre
côté de la Moselle pour déjeuner .
Il n’est pas possible d’aller à pied
jusqu’à Trier et c’est en camping-car que nous revenons
vers la ville où la plupart des parkings sont couverts. Les autres,
le long des rues sont à horodateurs et trop courts pour Cigalon. Nous
tournons pendant près de ¾ d’heure mais l’entêtement
de Gabriel paie puisque nous finissons par trouver une place près de
la gare. En plus comme il est pratiquement 15 heures, le stationnement nous
coûtera en tout et pour tout 10 centimes d’euro !
Trèves est la plus ancienne des cités allemandes. Elle a été, après la révolution (1794), chef lieu du département français de la Sarre puis en 1815, annexée à la Prusse.
En moins d’un
1/4 heure, nous sommes devant la Porta Nigra que nous pensons visiter à
tour de rôle mais non ! Les chiens sont admis dans l’ouvrage !
Celui-ci, édifié à la fin du 2ème
siècle est le plus important monument romain sur le sol allemand. Construit
en grès rose, il présente actuellement un aspect sombre et sale.
Les blocs de roche sont ajustés les uns sur les autres sans mortier,
simplement fixés par des agrafes en fer dont on voit encore quelques
traces. La Porta Nigra, haute 30 m, large de 36 m, profonde de 22 m, a été
conçue à la fois comme une forteresse et comme un monument.
Aux deux tours, rondes du côté campagne, plates du côté
ville se raccordait le mur d'enceinte de la cité (longueur 6,5 km,
hauteur 7m). C’est le hasard qui a sauvé la Porta Nigra. Grâce
à la transformation des étages de la forteresse en une église
double consacrée au Saint Ermite Siméon (milieu du XIème
s.), la construction romaine nous est parvenue pratiquement intacte.
En parcourant les galeries des étages, on voit
encore du côté de la cour les témoignages de ces transformations
ultérieures à l'époque romaine comme ces traces de décoration
rococo.
C’est Napoléon 1er qui en 1804 a rendu au monument son allure
d'origine.
Nous remontons la rue St Siméon (St Siméonstrasse) -zone piétonne- ( FuBgängerzone ) très animée et bordée de cafés pour gagner la place du marché ( Hauptmarkt ).
A notre gauche, se dresse la curieuse Maison des Trois Rois (Dreikönigenhaus), édifiée au XIIIème s. Son architecture marque le passage du style roman au style gothique. C'est une maison-tour avec rez-de-chaussée fermé, exception faite d'une porte dérobée, porte d'entrée au premier étage, accessible par un escalier extérieur et installation des pièces principales à l'étage supérieur. Elle ne se visite pas.
Nous atteignons
enfin la place du marché et de là, nous pouvons contempler quinze
siècles d’histoire de la ville. Au centre de la place se dresse
la croix du marché, érigée vers 958 et restaurée
au 18ème siècle ainsi que la fontaine, érigée
en 1595 par Hans Ruprecht Hofmann. Celle-ci est surmontée de la statue
de Saint Pierre, patron de la ville. En dessous les quatre vertus : Justice,
Mesure, Force d'âme, Sagesse se montrent comme des modèles à
suivre. Au nord, la Porta Nigra d’où nous venons. A l’est,
la cathédrale (der Do ) et l’église Notre-Dame qui y est
accolée. Au sud, la place est dominée par la masse de l'église
de Saint-Gangolf du XIVème s et par son imposant clocher dont nous
pouvons apprécier l’agréable jeu de cloches. A l’ouest,
un ensemble de belles demeures dont le Steipe (fin du gothique), ainsi nommé
en raison de l'utilisation de piliers (Steipen = Stützen = soutiens),
qui forment des arcades à la base de l'édifice. Les échevins
se réunissaient dans cette maison. Construite de 1430 à 1483,
le Steipe s'effondra sous les bombes en 1944 comme la Rotes Haus (maison rouge)
voisine.
Le Dom est situé à l'emplacement du palais de Constantin. On
reconnaît assez facilement les différentes étapes de la
construction. La partie centrale, surmontée d'un fronton, est la partie
la plus ancienne et date du milieu du 4ème s. A droite, du côté
du parvis, la partie ouest est une première extension romane du 11ème
s. A gauche, la partie est du 12ème s. La tour sud-ouest a reçu
une surélévation gothique en 1515.
La cathédrale est imposante. A l’intérieur, il se dégage une impression de solennité et de clarté. L’essentiel est de style baroque. La crypte renferme des tombeaux d’évêques. Un cloître gothique sépare la cathédrale et l'église Notre-Dame. Il recèle lui aussi bon nombre de tombes d’hommes d’église.
En ressortant de la cathédrale, nous admirons sans la visiter l’église Notre-Dame ( Liebfrauenkirch ), construite dans les années 1235-1260 et qui est l'une des premières églises gothiques d'Allemagne. Inspirée directement d'un modèle champenois, elle a la forme d'une croix grecque. Entre chacune de ses quatre absides sont édifiées deux chapelles à trois pans, ce qui donne à l'ensemble un aspect arrondi très original.
Comme il se fait déjà tard et qu’un vent frais s’est levé, nous décidons de rebrousser chemin. Nous reviendrons à Trier car il reste encore beaucoup de choses à voir. Nous rebroussons chemin pour gagner une des aires vues le matin. Nous optons tout d’abord pour celle proposée par le viticulteur de Wintrich mais il n’y a plus de place … L’achat de vin mosellan sera donc pour une autre fois !
Finalement nous nous arrêtons à Klusserrath. Cigalon semble bien petit à côté des grands camping-cars qui s’y trouvent déjà. Les Allemands investissent dans le grand, le luxueux. Certains ont même des remorques pour leur Smart ! Ils déménagent carrément leur maison …. Comme d’habitude, nous faisons notre petit tour dans le village qu’on rejoint très rapidement grâce à un tunnel qui passe sous la route. Village sans cachet particulier. Récent, propre, fleuri, bref un village de vignerons comme il en existe tant le long de cette vallée. Comme la soirée est douce, nous prenons l’apéro à côté du camping-car, utilisant pour une fois table et chaises ! Malgré le grand nombre de véhicules, il y a peu de bruit. Aucun animal n’est laissé en liberté. Les Allemands ont du savoir-vivre.
La nuit est très calme mais il pleut.
Dimanche 14 juillet ( 322 km ) haut de page
Le lendemain matin, le boulanger dépose les commandes de Brötchen devant les camping-cars. Décidément, les Allemands n’ont pas peur du vol ! Pour l’encaissement aussi, il faut courir après la « dame taxe » … et lorsque nous quittons l’aire de service, la plupart des camping-caristes dorment encore. Il est pourtant 9 heures passées !
Nous revenons vers Trier, longeons le Luxembourg et entrons en France par la région des Trois Frontières. Après Trier, au confluent de la Sarre et de la Moselle, le paysage change. Si le vignoble domine toujours, on trouve les premières traces de l’industrialisation de la Sarre. L’accès au Luxembourg est facile car de nombreux ponts traversent la rivière. Mais le Grand Duché sera pour une autre fois …
A partir de Trier nous rencontrons les premières voitures françaises immatriculées 57 venant du département de la Moselle tout proche. Ce sont les premières depuis jeudi soir où nous avons franchi la frontière à Landau. Curieux …
A notre arrivée
à Gerstheim, le compteur affiche 17 778 kilomètres et nous venons
de parcourir 880 km.